Riche de plus de 230 zones humides naturelles et plus de 900 zones humides artificielles, la Tunisie constitue un hot spot de la biodiversité dans le bassin méditerranéen.
Les plus connues de ces zones, dont 42 sont classées zones d’importance internationale Ramsar, sont des lagunes côtières telles que Ghar El-Melh (Bizerte), Korba (Nabeul), Tunis, Boughrara (Sud du Golfe de Gabès), des chotts tels que Chott Jerid, des sebkhas dont celles de Sijoumi (Tunis), Halk El-Menjel (centre), Adhibet (sud-est) et des oasis dont les plus célèbres sont celles de Nefzaoua, Jerid et Gabès.
Des zones précieuses pour les écosystèmes
Ces sites naturels devraient être plus que jamais protégés et mieux conservés dans le contexte actuel de changement climatique et de la hausse des températures, estime Khouloud Charfi, chargée de projets Freshwater au sein du WWF-Afrique du Nord-Tunis. L’initiative Freshwater ou «eau fraîche» du Fonds mondial pour la nature (WWF) a pour objectif de protéger les ressources en eau douce et les paysages du monde pour soutenir la biodiversité et les moyens de subsistance humains.
C’est parce qu’elles sont «très précieuses pour la protection contre les inondations, l’amélioration de la qualité de l’eau, le contrôle de l’érosion, la production des produits naturels, ainsi que le tourisme, la pêche et l’agriculture», a fait valoir la responsable à l’agence Tap.
Selon le ministère de l’Environnement, les zones humides en Tunisie abritent 260 espèces végétales terrestres, 50 espèces végétales aquatiques et 140 espèces d’oiseaux dont la plupart sont des migratrices. Chaque année, en hiver, ces zones humides accueillent plus de 500 000 oiseaux provenant d’Asie et d’Europe.
A elle seule, la Tunisie abrite, selon le département de l’Environnement, en moyenne annuelle, 250 000 canards et foulques au mois de janvier, soit 58% de la population maghrébine et 25 000 flamants roses, soit le tiers de la population méditerranéenne.
Alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique
Qu’ils soient des sebkhas, des lacs intérieurs d’eau douce, des chotts, des tourbières ou des oueds, ces sites naturels sont désormais des alliés de l’homme dans sa lutte contre les changements climatiques et des milieux indispensables pour sa survie et son bien-être en général.
D’abord, parce qu’elles assurent une source de vie et de revenus pour des populations entières et participent ainsi à la sédentarisation des populations dans plusieurs régions intérieures, explique Charfi.
Ensuite, les zones humides peuvent assurer le rôle de réservoirs d’eau notamment, pendant les périodes des crues, qui sont devenues de plus en plus à craindre actuellement.
Pendant les périodes de haute chaleur, les zones humides constituent également des îlots de fraîcheur et permettent également de subvenir aux besoins en fourrage des troupeaux.
«En abritant une abondance de plantes qui libèrent de l’oxygène, et une faune qui filtre et purifie l’eau polluée, elles fournissent un service naturel vital, tout en séquestrant d’énormes quantités de carbone dans leurs sols. De cette manière, les zones humides agissent comme des puits de carbone – des zones qui absorbent plus de carbone qu’elles n’en libèrent», explique Khouloud Charfi.
Protection contre une dégradation qui s’accélère
D’après Charfi, l’état actuel des connaissances sur l’importance des zones humides et leurs pertes indique «un besoin urgent d’une meilleure politique pour protéger les zones humides et leurs fonctions écosystémiques et les services associés».
«Des outils de gestion pour restaurer les zones humides drainées ou dégradées où les pertes ont été particulièrement importantes sont aujourd’hui nécessaires», affirme la responsable, qui reconnaît l’existence de «lacunes importantes dans le système de prise de décision science-politique-pratique lié à la restauration des zones humides». A cet effet, «il faut améliorer la cohérence de l’interface entre le domaine de la pratique et les domaines de la science et de la politique».
Toujours d’après Khouloud Charfi, «ceux qui travaillent dans les domaines scientifique et politique doivent être plus attentifs aux besoins et aux pressions ressentis par les praticiens de la restauration et gestion des zones humides, car même lorsque la ‘‘meilleure’’ science ou politique est produite, elle peut être insuffisante pour surmonter les obstacles qui existent dans leur mise en œuvre, si elle ne prend pas le contexte local en considération».
Une meilleure coordination entre les différentes autorités chargées de la protection et de la gestion de ces écosystèmes à différents niveaux (national, régional et local) dans le cadre des politiques nationales et une dynamique collective de conservation sont également requises, d’après la responsable locale de WWF.
Pour rappel, la Tunisie a adhéré depuis 1981 au traité international visant à conserver les zones humides de la planète connue sous l’appellation Convention Ramsar. C’est ainsi qu’elle a inscrit Ichkeul (Bizerte) en tant que premier site tunisien Ramsar.
Toutefois, en dépit des efforts de conservation et la reconnaissance des innombrables services qu’offrent les zones humides, plusieurs menaces planent toujours sur ces sites, selon le rapport «Planète Vivante 2020» du WWF.
Ce rapport fait état d’un déclin moyen de 84% des espèces des zones humides depuis 1970, ce qui signifie que 1 sur 3 espèces dans les zones humides est menacée d’extinction.
À l’échelle mondiale, les sols des zones humides stockent deux fois plus de carbone que l’ensemble des forêts de la planète. Elles contribuent fortement, ainsi, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et sont appelées, pour cela, les «reins de la Terre» pour leur contribution dans la dépollution.
Bien qu’elles ne couvrent qu’environ 6% de la surface terrestre de la Terre, 40% de toutes les espèces végétales et animales vivent ou se reproduisent dans les zones humides.
Grâce à la pêche et l’agriculture, les zones humides représentent, rappelle-t-on, une part importante de l’alimentation mondiale. Le riz produit dans les rizières, à titre d’exemple, alimente 3 milliards de personnes.
D’après Tap.
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