Le poète iranien, Yadollah Roaï (يد الله رؤيايي) est décédé en exil, à Paris, le 12 septembre 2022. Il est considéré comme le chef de file d’une école moderniste, formaliste.
Né en 1932, à Damghan, en Iran, Yadollah Roaï est considéré comme une grande voix de la poésie persane contemporaine, proche du parti communiste, Toudeh, il fut opposant au régime du Chah, et quitte l’Iran, d’abord, en 1976, puis définitivement, en 1979, avec l’avènement de la Révolution islamique.
La poésie de Roai, qui se place dans l’avant-garde, est, essentiellement, basée sur le travail sur le langage, créant des effets ironiques ou, parfois, surréalistes. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes dans la traduction de son œuvre.
Recueils trad. en français: Et la mort était donc autre chose, 1977; Signatures, 2001; Espacements, 2006 ; Septante pierres tombales, 2016.
Tahar Bekri
Le détail n’est pas seul
coin nécrosé du texte
une étape envahie
je m’ignore
ma mort innocente
le langage de l’abîme
l’imparfait roule dans mon présent
comme une fois dans mon passé
au coin nécrosé de la mer
je reste à jamais un parfait présent
Aveugle à mes audaces je reste
là où mon départ s’aligne
la ligne s’accidente et l’ici saisit le là
au bord du texte un reste
est un désert
Dans le geste profond du départ
l’œil égare le dé
et le terrain manque sa terre
comme la page son support
je regarde le décor
dès lors je le perds
Sur son passage la flèche se retire
d’une façon visible l’invisible me traverse
je me sidère du mental
et au bord du texte
tout mon regard est le tout de l’événement
Cri percé
le trou repense le mur adossé au déclic
un dernier cri porte au bout du doigt un
premier coup
et le vestige se languit du rêve de vol
le départ du vestige doubla l’absence
partout le silence raffina son œuvre extrême.
Traduit du persan par l’auteur.
Remerciements : Yadollah Royaï, poèmes traduits par Alain lance et l’auteur, site : docplayer.fr.
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