On croyait que la normalisation avec Israël était synonyme de «haute trahison» en Tunisie. C’est en tout cas ce que répète, à chaque fois que l’occasion se présente, le président de la république Kaïs Saïed… Mais, détrompez-vous, c’est du populisme ! Et c’est sans doute ce qu’a pensé Madame la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, au moment où elle a échangé des mots et des sourires avec le président israélien Isaac Herzog.
Evidemment, on se doutait que les propos de Saïed (et des politiciens tunisiens en général) concernant ce sujet relevaient avant tout du populisme, parce qu’éviter tout lien commercial, politique et culturel avec l’Etat hébreux est impossible aujourd’hui avec la mondialisation que connaît notre planète, et l’affaire Promosport, notamment, l’a récemment montré.
Mais hier, lundi 7 novembre 2022, c’est la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, nommée par Saïed lui-même, qui a encore une fois discrédité les propos de «son chef», à travers un acte banal mais symbolique : échanger des mots et des sourires avec le président israélien Isaac Herzog.
Une vidéo filmant cet échange dans les coulisses de la Conférence de Charm el-Cheikh (COP 27) a créé le buzz et a été massivement partagée sur les réseaux sociaux.
Si la normalisation avec Israël était réellement une haute trahison en Tunisie, Bouden ne se serait même pas rendue en Egypte pour participer à la COP 27 aux côtés notamment du chef de l’Etat hébreux, et la Tunisie aurait peut-être même boycotté les pays qui normalisent avec Israël, à l’instar de l’Egypte, mais aussi du Maroc, des Etats-Unis, de la France… bref de l’écrasante majorité des pays du monde, se condamnant ainsi à l’isolement et condamnant son peuple à mourir de faim.
Alors soyons sérieux et acceptons la réalité : la normalisation n’est évitée que quand il s’agit de futilités, du genre interdire ridiculement la projection d’un film où il y a une actrice d’origine israélienne, et ce, afin de ne pas se priver de l’occasion de se moquer des Tunisiens, quand cela ne peut porter préjudice à personne, sauf à une partie d’entre eux (ceux qui aiment le cinéma en l’occurrence).
Cherif Ben Younès
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