Adel Ltifi s’est exprimé sur le discours du président Kaïs Saïed prononcé dans la soirée du mercredi 28 décembre 2022, estimant qu‘il est dangereux et porte atteinte à la liberté d’expression.
Pour l’activiste politique, professeur universitaire et historien, le discours de Saïed vise aussi à empêcher les citoyens d’exprimer leur opinion sur son échec et sur celui de son gouvernement : «Il est de notre droit de vous critiquer et de dire que vous avez échoué car c’est la vérité. Il est de notre droit d’évaluer votre mandat et les choses que vous avez entreprises, qui d’ailleurs, à ce jour, n’ont rien donné et donc de parler d’un échec politique. Vous n’êtes pas capable d’accepter la critique et avec de telles manières, vous représentez désormais un danger pour la paix sociale !», a-t-il déploré.
Dans sa vidéo, Adel Ltifi a également rappelé que les citoyens et les forces politiques et civiles sont en mesure de parler de la situation du pays qui a empiré, tout en accusant le président de la république de n’avoir pas su trouver de solutions aux problèmes posés, pis encore, d’avoir approfondi la crise en Tunisie.
«Il est de notre droit de parler d’un dialogue et de demander au gouvernement de démissionner et de vous demandez, à vous aussi, la même chose ! Ce sont les ABC de la démocratie et toute personne a le droit de constater l’échec du président et lui demander de démissionner…», a encore lancé Ltifi, en ajoutant : «D’ailleurs ceux qui vous soutiennent évoquent la démission du gouvernement pour vous couvrir et tout mettre sur le dos du gouvernement Bouden, qui s’est malheureusement avérée une marionnette à la place de la femme tunisienne que nous souhaitions voir au plus haut niveau».
Le fondateur du parti Takaddom a par ailleurs affirmé que Kaïs Saïed aime le pouvoir tout comme Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Enanhdha, qui qualifiait lui aussi les critiques d’atteinte à l’Etat et à la légitimité, a-t-il rappelé, en lançant: «Finalement vous répétez le même discours de ceux qui vous ont précédé… !»
Pour Adel Ltifi, le discours prononcé par Saïed porte clairement atteinte à la liberté d’expression, celle pour laquelle les Tunisiens se sont battus et sacrifiés, en rappelant que celle-ci n’a rien à voir avec quelconque atteinte à l’État ni au président, ni à sa fonction. Il estime aussi que le chef de l’État porte atteinte à sa personne et à sa fonction de président par ses propres déclarations qui n’ont rien à voir avec la réalité et qui disent une chose et son contraire, a-t-il encore déploré.
M. Ltifi a également demandé au président de se rendre à l’évidence et d’accepter la réalité, après que la majorité du peuple tunisien n’ait pas participé aux législatives du 17 décembre (taux de participation, historiquement faible, de 11,22%).
«Ce pays est le nôtre et personne n’a le droit de se l’accaparer… Ni Rached Ghannouchi, ni Kaïs Saïed, qui pour moi, sont devenus les causes de la crise et ferment l’horizon devant le peuple tunisien. Il y a d’autres forces démocratiques, des compétences honnêtes, intègres et patriotes qui sont plus capables. En espérant un meilleur lendemain pour la Tunisie», a-t-il conclu.
Rappelons que Saïed a organisé une réunion, mercredi soir, avec la cheffe du gouvernement, les ministre de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice et des hauts cadres militaires et sécuritaires. Il a l’occasion prononcé un discours, évoquant ce qu’il a qualifié de «trahison, de dénigrement et d’insultes de l’État et de ses symboles», tout en affirmant que cela est «inadmissible et que cela s’apparente même au complot contre l’État»…
Y. N.
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