Tunisie : Un 14 janvier marqué par des manifestations contre le pouvoir en place

La célébration du 12e anniversaire de la révolution tunisienne a été marquée, ce samedi 14 janvier 2023, par des manifestations organisées à Tunis auxquelles plusieurs partis, associations et organisations ont pris part, appelant notamment au départ du président de la république Kaïs Saïed.

Répondant à l’appel lancé par les partis de l’opposition de différents courants politiques, les manifestants ont d’une part voulu marquer le coup et célébrer la fête de la révolution en date du 14 janvier et non du 17 décembre comme proclamé par le président de la république.

Rassemblés à différents points du centre-ville de Tunis, notamment au passage et à l’Av. Habib Bourguiba, ils ont également exprimé un ras-le-bol général et dénoncé la situation actuelle en Tunisie incombant l’aggravation de la crise à laquelle le pays fait face au président de la république et au processus du 25 Juillet, qu’ils qualifient de coup d’Etat.

La coalition formée par Ettakatol, Al Joumhouri, Al Qotb, le parti des Travailleurs et Attayar ont pour leur part dénoncé «l’échec dudit processus ainsi que la politique populiste menée par Kaïs Saïed», qu’ils ont également appelé à se rendre à l’évidence de ses échecs, d’autant que les Tunisiens ont exprimé un message fort avec un taux d’abstention historique (près de 90%) aux législatives du 17 décembre dernier. Les membres des partis précités ont aussi affirmé que l’initiative lancée par les organisation est une démarche intéressante, estimant toutefois que celle-ci ne peut parvenir à un résultat positif tant que Saïed est au pouvoir.

Quant au Front du Salut national, initié par Ahmed Nejib Chebbi et soutenu notamment par Ennahdha et Al-Karama ainsi que la coalition Citoyens contre le coup d’Etat, il a déploré «une aggravation inquiétante de la situation en Tunisie, une montée des violations des droits et des libertés ainsi qu’une instrumentalisation de la justice et des procès politiques», appelant à cette occasion à la libération du vice-président d’Ennahdha Ali Larayedh.

Le FSN, qui estime que Kaïs Saïed est devenu «un obstacle face à toute réforme spolitique et économique», a appelé au départ de ce dernier, afin «de poursuivre le processus démocratique entamé le 14 janvier 2011».

D’autre part, le centre-ville de Tunis a également compté une manifestation devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) à laquelle ont pris part de nombreuses associations et organisations qui ont notamment dénoncé des atteintes aux droits et aux libertés, et en particulier la liberté d’expression, tout en appelant au retrait du décret 54.

Les organisations ont réaffirmé la volonté des Tunisiens à défendre les objectifs de la révolution, dont les slogans sont encore scandés à ce jour. Ils ont également déploré l’aggravation de la crise sur tous les plans et ont alerté le pouvoir en place contre toute tentative de porter atteinte à la liberté d’expression.

On notera que le Parti destourien libre (PDL) avait choisi de ne pas manifester au centre-ville de Tunis pour ne pas être mêlé « aux traîtres, aux soutiens de l’obscurantisme et du terrorisme et au groupe du Printemps du chaos», en décidant de se rendre devant le Palais de Carthage, mais ses partisans ont été empêchés, par la police, de prendre le train du TGM, ce qui les a poussés à se rassembler devant le siège des Nations Unis.

Abir Moussi, qui estime que le PDL est ciblé par les autorités, a annoncé un sit-in ouvert devant le siège des Nations unies pour dénoncer «les abus commis par le chef de l’Etat et le silence des organisations internationales de défense des droits humains et le soutien de pays étrangers à la dictature en Tunisie», a-t-elle encore lancé, sous les applaudissements des partisans du parti destourien qui ont scandé des slogans hostiles à Kaïs Saïed, en affirmant qu’il n’a plus aucune légitimité et en appelant également à son départ.

Y. N.

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