Les oubliés de la révolution tunisienne broyés par le désespoir

Le drame de Mohamed Chebbi, qui s’est immolé par le feu, samedi dernier, devant le siège du gouvernorat de Nabeul, réveille le problème irrésolu des blessés et martyrs de la révolution tunisienne de 2011.

Les familles des martyrs et blessés de la Révolution ont exprimé leur colère, lundi 23 janvier 2023, face au drame de samedi qui a vu un blessé de la révolution tunisienne, Mohamed Chebbi, s’immoler par le feu devant le siège du gouvernorat de Nabeul, tout en soulignant leur détermination à «poursuivre la lutte» et à faire en sorte que «les prochaines étapes soient décisives pour l’histoire du pays».

Dans un communiqué, les familles ont appelé «toutes les voix libres, ainsi que les associations et organisations nationales, à soutenir les revendications des martyrs et blessés de la révolution afin d’achever le processus et de traduire en justice les responsables de la conduite de Mohamed Chebbi et d’autres Tunisiens au désespoir».

Mohamed Chebbi, père de trois enfants, s’est immolé par le feu pour dénoncer sa situation sociale, dans un tragique remake du geste désespéré de Mohamed Bouazizi, dont l’immolation par le feu, le 17 décembre 2017, avait déclenché la révolution tunisienne et la chute du régime dictatorial de Ben Ali, le 14 janvier 2011.

Rappelons que la loi n° 2022-20 relative à la Fondation Fida pour le soutien aux victimes d’attentats terroristes parmi les militaires, les forces de sécurité intérieure et les douaniers, ainsi qu’aux ayants droit des martyrs et blessés de la révolution a été publiée au Journal officiel le 9 avril dernier.

Fida est notamment chargée d’assister les sinistrés parmi les militaires, les forces de sécurité intérieure et les douaniers.

La liste définitive des martyrs et blessés de la révolution a été publiée le 19 mars sur décision du président du Haut comité des droits de l’homme et des libertés fondamentales et du président de la Commission des martyrs et blessés de la révolution.

Cependant, des milliers d’affaires liées aux martyrs et blessés de la révolution sont toujours pendantes dans les greffes du tribunal administratif. Il s’agit de contestations déposées par les familles des martyrs et des blessés dont les noms ne figurent pas dans la liste définitive des victimes. Et cette bureaucratie étouffante qui retarde la gestion de ce dossier et ajoute au désespoir des concernés, dont Mohamed Chebbi qui a commis son acte extrême pour n’avoir pas trouvé d’écoute auprès des autorités locales, à Nabeul.

I. B. (avec Tap).

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