Avoir le cul entre deux chaises n’est pas la plus confortable des positions, surtout en politique. Et Abid Briki en sait quelque chose, lui qui fait des acrobaties rhétoriques pour plaire au président Kaïs Saïed sans s’aliéner l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), dont il fut, dans une vie antérieure, l’un des dirigeants.
Dans sa volonté de ménager la chèvre et le chou, le secrétaire général du mouvement Tunisie en avant essaie, du reste sans grande conviction, de réduire la distance qui sépare désormais le palais de Carthage de la place Mohamed Ali, sièges respectifs de la présidence de la république et de la centrale syndicale.
Affichant l’optimisme béat des opportunistes qui sentent leur heure arriver, M. Briki a déclaré que l’incompréhension entre la principale structure syndicale du pays et le gouvernement n’est pas une menace pour la Tunisie. «Il suffit que les deux parties s’assoient pour que le dialogue mette fin à ce malentendu. C’est le seul moyen de barrer la route aux semeurs de discorde», a-t-il déclaré, en marge de l’ouverture du conseil central extraordinaire de son mouvement, tenu les 4 et 5 février 2023 à Hammamet, gouvernorat de Nabeul.
«Le dialogue entre l’UGTT et le gouvernement est un préalable à l’assainissement du climat général dans le pays qui a besoin de stabilité politique et de paix sociale pour se mettre sur la voie du changement», a insisté M. Briki, qui semble vouloir se positionner pour jouer le médiateur entre Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi, même si on voit mal l’un ou l’autre accepter une telle médiation. Mais quand on n’a aucun réel programme à proposer, on joue les utilités.
L’ancien militant d’extrême-gauche, passé par l’action syndicale, avant de créer son propre parti et de rallier le président de la république, sait que Kaïs Saïed est un électron libre qui ne croit pas à l’action partisane et qui se méfie beaucoup des partis, même ceux qui se prosternent à ses pieds, comme Tunisie en avant.
«La réunion du conseil central est l’occasion rêvée de faire le point sur la situation générale du pays au lendemain du second tour des élections législatives», a expliqué le SG de Tunisie en avant, cité par l’agence Tap. Et d’ajouter : «C’est aussi l’occasion d’exprimer sans équivoque la position définitive du mouvement à l’égard du processus du 25-Juillet (date de la proclamation de l’état d’exception par le président Saïed, Ndlr) et de réfléchir sur les perspectives de travail dans le nouveau parlement», où sont son mouvement sera représenté avec 6 députés, a-t-il rappelé.
Très peu pour peser sur la décision politique dans le pays, qui plus est, dans un parlement sans grandes prérogatives et qui va fonctionner comme une simple chambre d’enregistrement des désidératas du président Saïed.
I. B.
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