«Au lendemain du 25 juillet 2021 (date de la proclamation de l’état d’exception, Ndlr), on avait beaucoup demandé au président de la république Kaïs Saïed, mais aujourd’hui, on lui demande de partir», a déclaré l’ancienne député Samia Abbou.
La dirigeante du Courant démocrate (Attayar), qui parlait aujourd’hui, lundi 6 février 2023, sans la Matinale de Shems FM, a ajouté : «Kaïs Saïed a montré ses dents et dévoilé son projet despotique qui ne diffère de celui de ceux qui l’ont précédé que par son populisme».
Kaïs Saïed a prêté serment sur la base de la constitution de 2014, et en faisant abroger ce texte, tout ce qui en a découlé est également automatiquement abrogé, a-t-elle dit, laissant entendre que le président est tenu de remettre son mandat au peuple et d’organiser de nouvelles élections présidentielles.
Avec la nouvelle constitution qu’il a fait promulguer en 2022, le président Saïed a instauré un système de califat islamique qui se fonde sur cette règle de base : «Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement», a aussi indiqué Mme Abbou.
Interrogée sur le parlement qui vient d’être élu, Mme Abbou a estimé qu’il sera très éparpillé et faible, d’autant que, selon elle, il a perdu son rôle de contrôle de l’exécutif, qui a été supprimé par la nouvelle constitution.
Le parlement partout dans le monde a un double rôle de législation et de contrôle de l’exécutif dans le cadre d’un équilibre des pouvoirs au sein de l’Etat, or, la constitution de 2022 ne stipule rien de tout cela. «Par conséquent, le député ne sera ni libre ni indépendant puisqu’il sera, en outre, à tout moment, sous la menace du mécanisme du retrait de confiance par ses propres électeurs», a expliqué Mme Abbou. «Il ne pourra pas voter conformément à ses convictions, mais sera plutôt soumis aux pressions, puisque la nouvelle constitution octroie tous les pouvoirs au président de la république et prive le parlement de son rôle de législation et de contrôle de l’exécutif», a-t-elle ajouté.
Selon Mme Abbou, le pouvoir judiciaire n’est pas mieux loti que le pouvoir législatif, puisque «la justice, hier comme aujourd’hui, n’est pas indépendante, puisqu’elle est soumise au harcèlement continu de la part du pouvoir politique.» Le mécanisme de révocation des juges par le chef de l’Etat est un instrument de mise sous tutelle des juges, a dit la dirigeante d’Attayar, par allusion à la révocation de 57 magistrats par simple décision du président de la république.
«Depuis Ben Ali jusqu’à aujourd’hui, c’est le même système qui gouverne la Tunisie. Il est basé sur la désignation des hauts responsables sur la base de l’allégeance au sein du même groupe politique, et non sur la base du mérite et de la compétence», a conclu Mme Abbou.
I. B.
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