Le rôle dévolu aux magistrats dans l’application vigoureuse et équitable de la loi a été, encore une fois, au centre d’un entretien, vendredi 3 mars 2023, au Palais de Carthage, entre le président de la république, Kaïs Saïed, et le président du Conseil supérieur provisoire de la magistrature, Mohamed Moncef Kchaou.
Cité dans un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat a réaffirmé que «le peuple tunisien se réserve le plein droit de demander des comptes» aux responsables ayant commis des malversations, pressant les juges à veiller scrupuleusement au respect de la loi. Et d’ajouter: certains juges invoquent le motif de la démence et jouent le rôle de la victime alors qu’ils ont, sciemment, dissimulé pendant des années des crimes et des preuves d’inculpation dans des dossiers sensibles, dans une limpide allusion à l’ancien procureur de la république Bechir Akremi, poursuivi en justice et qui a passé récemment quelques jours à l’hôpital psychiatrique Razi suite à une crise de nerfs durant son audition par la police judiciaire.
Ceux-ci ont été démasqués et il est grand temps de les traduire en justice et de leur demander des comptes pour leurs agissements et actes répréhensibles, a martelé le chef de l’Etat.
A côté de ceux-ci, a-t-il souligné, se tiennent des parties qui s’acharnent à tramer des complots et atteintes à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat. Ils agissent sous le manteau trompeur de pseudo-patriotes œuvrant pour la salut de la nation, alors qu’ils se jettent dans les bras de l’étranger, a fustigé le chef de l’Etat, faisant allusion aux activistes politiques, hommes d’affaires et journalistes arrêtés récemment et poursuivis en justice pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat.
Le président de la république a aussi exhorté les magistrats à contribuer activement à la «bataille de libération nationale» menée par l’Etat, et les a appelés à faire preuve de rigueur et de fermeté dans l’application de la loi, semblant insister auprès des juges pour faire condamner les prévenus. Mais si les autorités judiciaires restent silencieuses sur cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux et dans les médias, les avocats des prévenus, quant à eux, crient au procès politiques ciblant les opposants au président de la république et affirment que les dossiers sont vides de preuves matérielles attestant les délits mentionnés dans les chefs d’accusation.
Il y a deux jours, le chef de l’Etat a, lors d’une rencontre avec la ministre de la Justice, Leila Jaffel, évoqué le devoir qui incombe aux magistrats en cette conjoncture que vit le pays. Il a souligné, à ce titre, qu’il y a encore en Tunisie des magistrats intègres et honnêtes qui veillent scrupuleusement au respect de la loi, relevant que le peuple tunisien ne peut recouvrer ses droits et connaître la vérité tant convoitée sans une justice équitable et efficiente.
Quiconque ayant commis des crimes contre le peuple tunisien doit répondre de ses actes, a-t-il martelé. Nul ne doit échapper à la justice et nul ne peut bénéficier de l’impunité, a-t-il dit.
Le président Saïd a également souligné que «les comploteurs contre la sécurité interne et externe de l’Etat ne peuvent continuer à faire figure de victime». La vraie victime, a-t-il dit, est le peuple qui se trouve dépossédé de son droit à la santé et des attributs d’une vie digne. Il est, donc, de son droit de «demander des comptes dans le respect de la loi à quiconque viole ses droits et acquis».
I. B. (avec Tap).
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