Les rumeurs enflent sur les réseaux sociaux à propos de l’absence très remarquée du président de la république Kaïs Saïed depuis sa dernière apparition officielle publique remontant au 22 mars 2023. La plus persistante de ces rumeurs parle d’un malaise qui aurait nécessité son hospitalisation en urgence à l’hôpital militaire de Tunis. Si c’est le cas, pourquoi continue-t-on à le cacher aux Tunisiens ?
Par Imed Bahri
En l’absence de confirmation ou d’infirmation de cette rumeur par les autorités politiques et/ou médicales, certains sont en train d’échafauder des scénarios catastrophiques dans les réseaux sociaux où l’on parle d’empêchement et même de tractations dans l’entourage du chef de l’Etat pour sortir de cette crise à la tête de l’Etat.
Les experts en droit constitutionnel y sont allés, eux aussi, de leurs spéculations sur les scénarios possibles pour garantir la continuité du pouvoir sur la base des textes de loi existants, notamment la constitution que M. Saïed a lui-même promulgué en août 2022. Or, ces scénarios posent de plus de problèmes qu’ils n’en règlent, étant donné la nouvelle configuration du pouvoir issue de cette constitution et qui donne au président de la république des prérogatives sans limite, tout en limitant considérablement celles des autres institutions de l’Etat.
Le silence bavard du ministre de la Santé
Pour ne rien arranger, le ministre de la Santé, le médecin militaire Ali Mrabet, qui a été interrogé par les journalistes, dimanche 2 avril, à propos des rumeurs sur la santé du président de la république, n’a même pas cherché à esquiver la question par une réponse vague ou à côté du sujet, comme le font habituellement les hommes politiques pour laisser les journalistes sur leur faim : il s’est tout simplement réfugié dans un silence embarrassé malgré l’insistance des confrères, ce qui n’a pas manqué de relancer les interrogations et, bien entendu, les inquiétudes sur l’évolution de la situation dans un pays qui fait face à la plus grave crise politique, économique et financière de son histoire.
Les interrogations sur la «disparition» de Kaïs Saïed, lui qui n’a cessé d’occuper le terrain politique et médiatique au cours des derniers mois, effectuant des activités quasi-quotidiennes, deviennent lancinantes et sont même relayées depuis hier par les médias étrangers.
Un débat détestable ouvrant la porte à tous les inconnus
Ces interrogations auraient dû susciter une réponse diligente de la part des autorités de manière à dissiper le malaise général qu’elles suscitent dans l’opinion. Et c’est l’absence de cette réponse qui commence à alimenter les plus folles supputations. Certains internautes en sont même venus à avertir contre une hypothétique intervention militaire pour remplir le vide à la tête de l’Etat. D’autres, au contraire, appellent cette intervention de tous leurs vœux. Et ce genre de débat est détestable, car il traduit la grave panique qui s’est emparée de l’opinion publique, tout en ouvrant la porte à tous les inconnus.
Aussi, et en attendant une prochaine apparition publique du chef de l’Etat, qui mettrait fin aux rumeurs, les citoyens sont en droit d’exiger des éclaircissements de la part de la cheffe du gouvernement Najla Bouden, la seconde personnalité de l’Etat, qui dissiperaient les inquiétudes et rassureraient les citoyens, en leur montrant que le pays est bien tenu en main.
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