Abir Moussi : «Kaïs Saïed n’a pas de solutions pour la Tunisie et ne pense qu’à garder le pouvoir»

Abir Moussi a déclaré que la Tunisie vit «une anarchie législative et institutionnelle» depuis la promulgation de la constitution de 2022 par le président Kaïs Saïed, ajoutant qu’«il n’y a d’autre moyen pour sortir de cette situation qu’en retournant au peuple». Vidéo.

La présidente du Parti destourien libre (PDL), principale voix de l’opposition en Tunisie, a ajouté que «le peuple est le détenteur de la souveraineté et il lui revient de choisir qui le représente dans la gestion de l’Etat et de ses institutions, et ce à travers des élections respectueuses des normes internationales».

Moussi, qui parlait au cours d’une rencontre avec les femmes membres de son parti à Sfax, vendredi 7 avril 2023, a estimé que «l’actuel parlement est dénué de toute légalité» et que son parti «ne le reconnaît pas ni ne reconnaîtra les lois qu’il promulguera».

Dans une déclaration à Mosaïque, Moussi a affirmé que le gouvernement est, lui aussi, «illégitime et compte des ministres qui ont prêté serment conformément à une loi qui a été abrogée (par allusion à la constitution de 2014, Ndlr), et d’autres désignés en vertu du décret 117 qui n’a plus cours après la promulgation de la constitution de 2022».

«Le mandat de Kaïs Saïed, qui a commencé en 2019, s’est légalement terminé avec la promulgation de la nouvelle constitution (en 2022, Ndlr) qu’il a imposé aux Tunisiens en faisant fi des règles légales, renforçant ainsi son pouvoir total sur le pays», a-t-elle expliqué.

La présidente du PDL s’est dit «persuadée que Kaïs Saïed, qui est entré de plein pied dans le territoire de l’illégalité, n’admettra ni élections présidentielles ni durée de législature et continuera à tenir les rênes du pouvoir et les appareils de l’Etat par le truchement des mesures d’exception et en agitant l’épouvantail de ceux qu’ils qualifient de non-patriotes menaçant le pays».

Moussi a, par ailleurs, précisé que «la sortie de l’ornière de l’illégalité exige le départ de Kaïs Saïed et l’amendement de la constitution, car aucune institution ne pourra se prévaloir de la légalité sans un amendement de la constitution et de la loi électorale, l’abandon des décrets promulgués de manière unilatérale, et la tenue de véritables élections qui permettraient au pays de passer d’une situation d’illégalité à la légalité fondée sur la volonté des électeurs».

«La situation politique dans le pays ne présage rien de bon et la situation financière et économique est catastrophique», a averti la présidente du PDL, considérant que le président Saïed «continue de transgresser les lois, y compris celles qu’il a lui-même promulguées, de manière à renforcer sa mainmise sur tous les rouages de l’Etat sans pour autant proposer des alternatives ou des stratégies pour mobiliser les ressources financières de l’Etat».

Pour Abir Moussi, «Kaïs Saïed n’a pas ouvert les vrais dossiers brûlants relatifs à la sécurité nationale et à la lutte contre la corruption», estimant que ce qui est fait dans ce domaine «n’est que de la poudre aux yeux et une tromperie pour le peuple tunisien qui n’a plus aujourd’hui de boussole pour l’orienter». D’autant que, selon elle, «le président ne cherche que son intérêt personnel et ne pense qu’à garder son poste en transgressant les lois, en faisant taire les voix dissonantes, en ignorant les forces patriotiques et en les mettant dans le même sac que les Frères musulmans qui ont détruit la patrie et son économie».

I. B.

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