Tunisie : trois dirigeants d’Ennahdha en grève de la faim

Trois dirigeants du mouvement Ennahdha, qui s’oppose au président Kaïs Saïed, sont en grève de la faim en prison. Parmi eux, Sahbi Atig est «très affaibli», a déclaré le parti islamiste tunisien.

Atig, 64 ans, ancien député et ancien chef de groupe parlementaire, est en grève de la faim depuis 32 jours en signe de protestation et sa santé s’est «beaucoup détériorée», a déclaré à l’AFP sa femme Zeineb Mraihi après lui avoir rendu visite en prison. «Il a perdu 17 kilos, son rythme cardiaque est faible, il peut à peine parler», a-t-elle dit, assurant qu’il a été hospitalisé plusieurs jours en réanimation la semaine dernière.

Arrêté début mai pour «blanchiment d’argent», accusation qu’il dément catégoriquement, Atig a passé 17 ans dans les prisons du dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Après la Révolution de 2011 et l’avènement de la démocratie, il a été chef du groupe parlementaire Ennahdha à l’Assemblée constituante, puis réélu deux fois député en 2014 et 2019.

Selon un communiqué d’Ennahdha, Ahmed Mechergui, 54 ans, membre de son exécutif et ancien député, a entamé dimanche une grève de la faim pour protester contre son incarcération le 18 avril. Un autre des dirigeants du mouvement, Youssef Nouri, arrêté le 19 avril, est en grève de la faim depuis le 25 avril pour «contester ses conditions de détention et le non-respect de ses droits fondamentaux», selon Ennahdha.

Lors d’une récente conférence de presse, Ahmed Néjib Chebbi, président du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition dont fait partie Ennahdha, a dénoncé la volonté de Saïed de «se venger de certains responsables politiques en général et de ceux d’Ennahdha en particulier».

Depuis début février, plus de 20 opposants à Saïed ont été arrêtés pour «complot contre la sûreté de l’État», des personnes venant d’horizons politiques divers et parfois même opposés : islamistes, libéraux et progressistes de gauche.

L’ONG Amnesty International a parlé d’«une chasse aux sorcières».

En avril, le leader d’Ennahdha et ancien président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, a lui-même été arrêté et condamné à un an de prison pour avoir déclaré que la Tunisie serait menacée d’une «guerre civile» si des partis de gauche ou islamistes comme Ennahdha étaient éliminés.  D’autres dirigeants islamistes de premier plan sont aussi incarcérés, comme l’ancien chef de gouvernement et numéro deux du mouvement Ali Larayedh, l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri ou l’ancien ministre de l’Agriculture Mohamed Ben Salem.

Le président Saïed a qualifié toutes les personnes arrêtées de «terroristes».

I. B.

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