Les familles des politiciens de l’opposition tunisienne emprisonnés ont rejeté le programme d’aide offert à la Tunisie par l’Union européenne (UE) comme «à courte vue et contre-productif», avertissant que l’argent n’aiderait pas le pays à arrêter la migration.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, lundi 26 juin 2023, avec d’autres enfants de personnalités emprisonnées, Yusra Ghannouchi, la fille du chef du parti Ennahdha emprisonné Rached Ghannouchi, a déclaré que les accords convenus par l’UE avec le gouvernement du président Kaïs Saïed ne serviraient qu’à soutenir son régime, qu’elle a accusé de violations des droits de l’homme, rapporte l’agence Reuters à La Haye. «Kaïs Saïed a créé ces problèmes. C’est l’état de crises multiples et de désespoir en Tunisie qui alimente les migrations», a-t-elle expliqué. |Elle intervenait aux côtés de Elyes Chaouachi, le fils de l’ancien ministre Ghazi Chaouachi, et Kaouther Ferjani, la fille du dirigeant islamiste Saïd Ferjani, eux aussi emprisonnés.]
Saïed a fermé le parlement et a limogé le gouvernement en juillet 2021 et est passé au pouvoir par décret, affirmant que ces mesures étaient nécessaires pour sauver le pays de la corruption. Les critiques ont qualifié ses actions de coup d’État. En février 2023, il a accusé certains politiciens et critiques de l’opposition détenus d’être responsables de la hausse des prix et des pénuries alimentaires, et de vouloir alimenter une crise sociale.
L’UE a offert ce mois-ci à la Tunisie un paquet de 105 millions d’euros, dont 900 millions d’euros de prêt, pour l’aider à faire face à une forte augmentation des départs de migrants, à développer son économie en difficulté et à sauver les finances de l’État.
Les départs à partir des côtes tunisiennes ont grimpé en flèche après que Saïed a annoncé une répression contre les migrants subsahariens en février, en utilisant un langage que l’Union africaine a dénoncé comme raciste.
Les familles des personnalités de l’opposition emprisonnées ont convoqué la conférence de presse à La Haye pour demander également à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur les allégations de violations généralisées des droits de l’homme en Tunisie, qui est membre de la cour.
Plus tôt cette année, une répression menée par des juges tunisiens a détenu plus de 20 personnalités politiques, judiciaires, médiatiques et du milieu des affaires ayant des liens avec l’opposition. Beaucoup ont été emprisonnés et accusés de comploter contre la sûreté de l’État.
Traduit de l’anglais.
Source : Reuters.
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