Tunisie : Kaïs Saïed met fin au débat sur l’Open Sky  

Par une petite phrase prononcée lors d’une rencontre, vendredi 30 juin 2023 au palais de Carthage, avec le ministre du Transport, Rabii Majidi, et le Pdg de Tunisair, Khaled Chelli, le président de la république, Kaïs Saïed a mis fin au débat national sur l’Open Sky, le projet de libéralisation du ciel tunisien défendu depuis deux décennies par les professionnels du tourisme et du voyage.

«L’espace aérien doit être seulement ouvert aux avions tunisiens», a lancé le chef de l’Etat, selon le communiqué publié par la présidence de la république, mettant ainsi terme à un débat qui a trop duré sur la nécessité d’ouvrir l’espace aérien pour impulser les activités de tourisme et de voyage, comme cela a d’ailleurs été fait avec succès par d’autres pays de la région, comme le Maroc.

Le souverainiste Kaïs Saïed s’avère aussi protectionniste en opposant également une fin de non-recevoir à tout projet visant à privatiser, partiellement ou totalement, la compagnie aérienne nationale Tunisair, hier fleuron des entreprises publiques et aujourd’hui grevée par les pertes et les déficits et dont la flotte se réduit comme peau de chagrin, ce qui l’oblige, chaque été, à louer des avions de compagnies étrangères pour assurer ses vols.

Lors de la réunion d’hier, consacrée au plan de sauvetage de la compagnie aérienne nationale, Saïed a d’ailleurs mis l’accent sur l’impératif de renouveler la flotte de Tunisair et de mettre en place un programme d’acquisition de nouveaux appareils, comme indiqué par le communiqué publié par la présidence de la république.

Le chef de l’Etat a, également, souligné la nécessité d’élaborer un plan d’action afin de vendre les avions hors service ou leurs pièces détachées qui sont défectueuses, en appelant à améliorer les services aériens et terrestres, alors que les clients de la compagnie ne cessent, depuis plusieurs années, de se plaindre de la détérioration continue de ces services, et nous ne cessons, nous autres médias, d’en rendre compte : retards interminables, zéro communication, passagers abandonnés à leur sort dans les aéroports, vols de bagages et on en passe et des meilleures.  
 
«Tunisair a été l’une des meilleures entreprises publiques durant des années avant qu’elle ne soit frappée de plein fouet par la corruption à l’instar d’autres établissement», a encore affirmé le chef de l’Etat, reprenant ainsi sa thématique préférée, populiste à souhait, d’une improbable lutte contre la corruption dont on entend beaucoup parler et qu’on attend toujours la traduction concrète.

Le président a, également, appelé les deux responsables présents à œuvrer pour que la compagnie publique retrouve son rayonnement d’antan. «Les parties qui souhaitent aujourd’hui céder cette entreprise publique ou la pousser à la faillite doivent assumer leurs responsabilités», a tranché Saïed, en désignant de vagues coupables.

Il ne reste donc à MM. Majidi et Chelli que de mettre en musique les paroles présidentielles. Souhaitons leur bonne chance, et souhaitons-nous beaucoup de patience dans les files d’attente qui nous attendent cet été dans les aéroports!  

I. B.

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