Hammamet : «annulation arbitraire» du concert d’Emel Mathlouthi  

L’annulation du concert d’Emel Mathlouthi par la direction du Festival international de Hammamet (FIH), pratiquement en dernière minute, sans explication et sans en informer la première intéressée, traduit l’esprit d’improvisation avec lequel les affaires culturelles sont gérées par l’actuelle ministre, Hayet Ketat Guermazi.

Le concert de la chanteuse tunisienne devait avoir lieu dans la soirée du mercredi 9 août courant au théâtre de plein-air de Hammamet et c’est dans un communiqué publié, dans la soirée du mardi 1er août, que le comité directeur a annoncé qu’il «n’aura pas lieu» sans préciser les raisons derrière cette décision, qui n’aurait pu être prise sans l’accord de la ministre. On pourrait aussi deviner, sachant comment fonctionnent les choses au sein de la fonction publique, que celle-ci en est la principale instigatrice.

En réaction à la décision du festival, Emel Mathlouthi a dénoncé une décision unilatérale disant qu’elle n’a pas été avisée par la direction du festival, ni elle ni son équipe.

Dans un post sur sa page officielle du réseau social Facebook, elle a parlé d’«une annulation arbitraire» qui intervient «suite à la campagne diffamatoire menée par des personnes se proclamant BDS Tunisie qui n’ont aucune affiliation avec BDS Palestine». Cette dernière «n’a aucune objection à ma présence en Palestine», affirme l’artiste qui est accusée de normalisation avec Israël pour avoir donné, il y a une semaine, des concerts en Palestine (Al Qods, Bethléem et Ramallah).

Afin de mettre fin à la controverse ayant entouré la tenue de son concert à Bethléem, dans les territoires occupées, l’artiste avait décidé de l’annuler.

Le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) s’efforce de mettre fin au soutien international à l’oppression des Palestiniens par Israël et de faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international.

Emel Mathlouthi précise avoir été invitée par Edward Said National Conservatory of music dans le cadre d’un festival culturel palestinien qui invite les artistes arabes depuis plus de 30 ans. Elle affirmé aussi que son «soutien infaillible pour la Palestine et les droits humains n’est plus à démontrer».

Emel Mathlouthi dénonce «des agressions» qu’elle subit en tant qu’«artiste femme et libre qui a porté haut le drapeau de la langue et de la culture tunisienne dans le monde.»

S’agissant de la décision du festival de Hammamet, elle l’a qualifiée de «malentendu», tout en précisant qu’un contrat a été signé avec le festival, ce qui implique le respect du cadre juridique règlementant la relation entre les parties contractantes (le festival et l’artiste) en cas d’annulation, laissant ainsi entendre qu’elle exigera d’être payée conformément aux engagements contractuels pris par le festival.

Elle a estimé cette annulation comme une mise à l’écart envers elle, rappelant son concert à Carthage en 2017, le premier, qui avait été également annulé, puis maintenu. Après avoir évoqué des raisons financières en lien avec le budget, les organisateurs du festival international de Carthage avaient changé d’avis et le concert avait finalement eu lieu le 9 août 2017.

Interprète, auteure, compositrice et productrice, Emel Methlouthi s’est fait connaitre durant les évènements de la révolution de 2011 par sa chanson à succès ‘‘Kelmti Horra’’ qu’elle chantait sur les places publiques. Ce tube, d’après les paroles du poète et écrivain Amin El Ghozzi, a fait sa notoriété en Tunisie et lors de la cérémonie du prix Nobel de la Paix, à Oslo (Norvège) décerné au Quartet du dialogue national en décembre 2015.

Selon son site officiel, l’artiste installée aux Etats-Unis est en tournée estivale dans divers festivals qui a commencé par la Palestine (les 27 et 29 juillet) et la mènera également en France (le 4 août) puis en Tunisie avec deux concerts dont celui de Hammamet (le 9 août) et un autre à Monastir (le 10 août).

Sur un autre plan, le FIH a présenté ses excuses aux spectateurs ayant acheté leurs billets. Pour se faire rembourser, il les invite à contacter l’administration du Centre culturel international de Hammamet, à partir du vendredi 4 août de 9h à 17h.

Avec Tap.

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