Le Syndicat nationale des journalistes tunisiens (SNJT) a fermement dénoncé les déclarations du président de la République Kaïs Saïed lors de sa rencontre, ce vendredi 4 août 2023, avec Awatef Daly Pdg de la Télévision tunisienne, en pointant du doigt une ingérence dans la programmation de la chaîne nationale.
Tout en dénonçant un dangereux précédent, le SNJT a rappelé que les médias publics «sont tenus de jouer leur rôle premier de service public, au service de l’État et de la société et d’exprimer les demandes et les préoccupations des citoyens dans le cadre de l’information et de ne pas être un porte-parole ou un outil de propagande du pouvoir en place».
La même source estime que l’intervention du président s’inscrit dans un contexte de censure des médias publics portant atteinte au principe de pluralisme, de diversité et d’objectivité, notamment à la télévision et à la radio tunisiennes et à l’Agence Tap : «Cette déclaration dangereuse exprime une volonté d’instrumentaliser les médias, d’autant que la télévision tunisienne blanchit, notamment depuis le 25 juillet 2021, l’autorité en place en faisant abstraction de l’opinion contraire et/ou de la critique»
Le SNJT appelle, ce fait, le président de la République «à respecter l’indépendance des médias et à cesser d’interférer avec les contenus et les programmations», tout en appelant les structures professionnelles et les instances de régulation à rejeter publiquement ces pratiques et à défendre le droit des citoyens à une presse libre.
Rappelons que le président a reçu, ce jour, la Pdg de la Télévision tunisienne, rencontre durant laquelle il l’a sermonnée concernant la programmation de la chaîne nationale, les informations et l’ordre de priorité de la diffusion des actualités. Il a notamment cité le programme Le bon vieux temps en commentant : «Si cette époque était si belle, la situation ne serait pas celle de ce jour… Elle n’a rien de beau c’est comme si l’on servait du réchauffé… Nous aspirons à l’avenir et non au passé.. Nous refusons de réchauffer le passé»
Il lui a suggéré la diffusion de programmes sur les revendications des Tunisiens, notamment exprimées en décembre 2010 et janvier 2011 ou encore sur les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et de ceux tombés en martyr dans la lutte contre le terrorisme.
Outre le SNJT, plusieurs parties ont dénoncé le discours du président, estimant qu’il s’agit «d’une ingérence grave et flagrante dans la ligne éditoriale des médias».
Y. N.
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