Le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, a déclaré vendredi 29 septembre 2023 à Palerme (Sicile, Italie) que la migration irrégulière est un fléau «inhumain» qui doit être combattu selon «une approche réaliste, globale et multidimensionnelle».
«Cette approche doit s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière plutôt que de se concentrer sur ses impacts», a-t-il ajouté dans un discours prononcé lors de la conférence ministérielle tenue à l’occasion du 20e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (Untoc).
Feki a souligné que la migration irrégulière devrait être traitée selon une approche globale basée sur la consolidation des économies des pays d’origine des migrants, la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes et la neutralisation des réseaux de traite des êtres humains.
Cité dans une vidéo publiée sur la page Facebook du ministère de l’Intérieur, Feki a réaffirmé que la solution la plus efficace au phénomène de la migration irrégulière «ne peut être qu’humanitaire et collective», comme l’a indiqué le président de la république Kaïs Saïed lors de sa participation à la Conférence internationale sur la migration et le développement en juillet 2023 à Rome.
Kamel Feki a souligné que la conférence ministérielle se tient «dans un contexte régional et international tendu». Les pays de la région sont confrontés à plusieurs défis sécuritaires, climatiques et économiques. Cette conférence est l’occasion de partager des points de vue sur des questions d’actualité d’intérêt mutuel ainsi que de rechercher des outils et des mécanismes capables de lutter contre les différentes formes de criminalité transnationale organisée, a-t-il ajouté.
Kamel Feki reçu à Palerme par Matteo Piantedosi.
Pour le ministre de l’Intérieur, la criminalité transnationale organisée implique un large éventail d’opérations, principalement la migration irrégulière. Ce fléau a des «liens inextricables» avec la traite des êtres humains, leur transport illégal ainsi qu’avec le trafic de drogue et d’armes, le terrorisme et le blanchiment d’argent, a-t-il affirmé.
Le ministre a exprimé la détermination de la Tunisie, dans le cadre de son engagement à mettre en œuvre l’Untoc adoptée par la Tunisie le 23 septembre 2002, à adapter les textes juridiques liés à la lutte contre la traite des êtres humains aux normes internationales et aux principes des droits de l’homme, notamment l’adoption d’une loi organique relative à la prévention et à la lutte contre la traite des êtres humains en 2016, ainsi que la création d’un organisme national de lutte contre la traite des êtres humains.
Le ministre a souligné que «la Tunisie aborde la question de la migration irrégulière conformément à la législation tunisienne, aux traités internationaux et aux principes éthiques», mettant en garde contre «les campagnes malveillantes, menées par certaines parties, pour attiser les tensions et saper les efforts de la Tunisie pour assurer la protection, l’encadrement et la prise en charge des migrants irréguliers qui se trouvent sur son territoire».
Le ministre a également fourni un ensemble de statistiques sur les efforts déployés par la Tunisie pour lutter contre la migration irrégulière. Selon les derniers chiffres enregistrés entre janvier et mi-septembre 2023, le nombre total de migrants tentant de franchir illégalement les frontières maritimes vers l’Europe a atteint près de 72.516 personnes dont 58.057 étrangers soit près de 80%.
Feki a souligné que le nombre de personnes sauvées de la mer s’est approché de 19.033 dont 17.865 étrangers, tandis que le nombre d’intermédiaires et de passeurs arrêtés a atteint 909 individus et que le nombre d’embarcations saisies est de 824.
Il a ajouté que 5 609 tentatives de franchissement illégal des frontières maritimes ont été déjouées, tandis que 488 bateaux ont coulé au cours de la même période. En revanche, environ 1 290 corps ont été repêchés en mer.
Peu avant la conférence, le ministre de l’Intérieur avait été reçu par son homologue italien Matteo Piantedosi qui avait déclaré apprécier «la récente intensification de l’action tunisienne visant à empêcher les départs (de migrants irréguliers, Ndlr) et pour les opérations policières accomplies ces dernières heures qui ont permis l’arrestation de 124 passeurs».
I. B. (avec communiqué)
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