Ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie ce n’est pas un conflit opposant deux forces militaires et politiques équivalentes mais bel et bien une colonisation des terres associée à un nettoyage ethnique et à une extermination des populations civiles palestiniennes.
Par Moez Ben Abdel Kader
La riposte israélienne ne s’est pas fait attendre. Une vengeance sanglante sans précédent continue à l’instant même où je rédige ces quelques mots. Le bilan est lourd : plus de 6 500 personnes assassinées froidement par l’armée israélienne dont plus de 3 000 enfants et bébés. Les experts parlent même de l’équivalent d’un quart de bombe nucléaire balancé sur Gaza; ce petit territoire palestinien surpeuplé qui fait 41 km sur 12.
Pire que les images et les vidéos du massacre perpétré contre les civils palestiniens sont les mots des médias occidentaux ainsi que les décisions et prises de position de leurs dirigeants indignes et aveugles.
Ce conflit qui dure maintenant depuis la «Nakba» (catastrophe) de 1948 à laquelle s’ajoute la «Naksa» (défaite) de 1967 n’en est pas un en réalité. Il aurait fallu opposer deux forces militaires et politiques équivalentes pour que ce soit ainsi. La réalité est toute autre. Cette réalité et cette vérité, que les Occidentaux «blonds aux yeux bleus» s’obstinent à dénigrer, brillent maintenant de mille feux. Ceci n’est point un conflit mais bel et bien une colonisation des terres associée à un nettoyage ethnique et une extermination des populations civiles palestiniennes.
«Armée de défense» ou armée coloniale ?
Israël cette entité occupante terroriste reste cependant au-dessus de toutes les lois internationales. L’Armée de défense d’Israël (IDF), la seule au monde à s’identifier comme «armée de défense», perpétue massacre sur massacre devant le silence assourdissant des puissants de ce monde. Triste ironie ou propagande bien étudiée que d’appeler une armée coloniale «armée de défense».
Israël et son gouvernement suprémaciste d’extrême droite et contre toute logique continuent de recevoir l’appui des puissances occidentales avec à leur tête les Etats-Unis. La Grande-Bretagne se résigne à obéir aux ordres américains. La France ayant perdu toute sa puissance et sa crédibilité diplomatique depuis des années s’embourbe chaque jour un peu plus dans le délire de ses dirigeants et élus. Le reste de l’Europe suit tel un cheptel ovin.
La propagande et la machine médiatique occidentales s’indignent devant des décapitations et des viols totalement fictifs attribués au Hamas palestinien mais exultent devant le massacre de milliers de femmes d’enfants et de vieillards commis par Tsahal. Cette machine médiatique appelle l’extermination du peuple palestinien «conflit Israël – Gaza» ou bien «Israël – Hamas» dans le seul et unique but de diviser les Palestiniens et de leur voler leur droit légitime d’exister.
Les voix libres doivent s’accorder à l’appeler conflit «Israël – Palestine» si toutefois s’en est un. Il ne faut pas accepter de noyer la cause palestinienne en supprimant ce mot «La Palestine» de nos discours et autres paroles. Rien que ce mot «La Palestine» a toujours effrayé et déstabilisé Israël et ses différents gouvernements biberonnés aux chars et aux missiles américains.
Cette propagande médiatique occidentale s’efforce de condamner un parti politique et un mouvement de libération nationale, le Hamas, et le qualifie de groupe terroriste. En est-il vraiment un ? Et aux yeux de qui ? Et qui en a décidé ainsi ? La vérité serait-elle détenue par ces quelques puissances occidentales ?
Et pourquoi les dirigeants et les diplomates arabes et palestiniens doivent-ils commencer chaque prise de parole par s’auto-condamner ? Pourquoi n’ont-ils pas le courage de parler de résistance légitime face une puissance coloniale barbare ? Pourquoi cette peur des médias occidentaux ? Pourquoi esquiver toujours et toujours et botter en touche quand il s’agit de parler de résistance ?
Au sud du 35e parallèle nord la voix des peuples ne compte-t-elle pas ? Ces peuples pensent-ils que le Hamas soit une organisation terroriste ? Doivent-ils acquiescer à tout ce que dictent les puissances occidentales ? Posez donc la question à ces peuples et non à leurs dirigeants insipides; la réponse vous surprendra.
Terroristes ou résistants à l’oppression coloniale ?
Le Conseil national de résistance de la France contre l’occupant allemand a été qualifié de terroriste par la machine de propagande nazie et a été réprimé dans le sang. Les maquisards tunisiens ou fellagas ont été qualifiés de terroristes par la France coloniale et ont été guillotinés et exécutés avec leurs familles. Le mouvement de résistance libyen a été classé mouvement barbare terroriste par l’occupant italien et a été réprimé dans le sang et la terreur; son chef Cheikh Omar Al Mokhtar a été pendu. Les mouvements nationalistes et anticoloniaux africains ont subi le même sort de la part des puissances coloniales allemandes, françaises, belges, portugaises et espagnoles.
Tout ce beau monde qualifié de terroriste a permis aux peuples de se libérer des jougs de la barbarie coloniale. Cette résistance armée et légitime a permis aux persécutés et aux opprimés de se redresser en hommes libres et dignes. Les noms de ces héros ornent toutes les places et avenues du monde à l’instar de Mosbah Jarbou, Mohamed Daghbeji, Lazhar Chraiti (Tunisie), Ali la pointe, Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired (Algérie), Cheikh Omar Al Mokhtar (Libye), Samory Touré (Guinée), Ba Bemba (Mali), Patrice Lumumba (RDC), Jean Moulin (France), et la liste est tellement longue.
Ce sont des héros; une fierté pour leurs nations; pourtant classés le temps d’un instant comme saboteurs et terroristes.
Ceci étant dit, l’armée la plus morale du monde continue de larguer ses missiles et ses bombes made in US sur les populations civiles démunies. Des armes de destruction interdites par toutes les conventions comme le phosphore blanc continuent de pleuvoir sur les enfants palestiniens de Gaza. Le bilan s’alourdit à chaque instant devant le silence pervers du monde. Le fameux sésame étant prononcé à chaque visite officielle et à chaque conférence : «Notre soutien est inconditionnel à Israël et nous respectant son droit de se défendre par tous les moyens jugés bons et nécessaires». Telle une carte blanche ce sésame renforce la décision de ce gouvernement aliéné de perpétrer le génocide palestinien. Pis encore, à court de munitions, les Israéliens sont allés mendier l’aide des Etats-Unis. Deux porte-avions ont été dépêchés sur place et les cargaisons de missiles affluent vers Israël ou que dis-je vers la Palestine occupée.
Le nettoyage ethnique n’est pas un droit de défense
Pendant ce temps les dirigeants du monde arabe et du monde musulman hibernent à l’exception d’une minorité inaudible. Apeurés par leurs maîtres occidentaux, ils n’osent même pas condamner cet Etat terroriste qu’est l’entité d’Israël. Ils n’osent même pas suspendre leurs relations diplomatiques avec le bourreau de leurs frères. Ils continuent à dealer avec la puissance coloniale sanguinaire qui efface chaque jour notre Palestine de la carte. Triste ironie encore : la Palestine est privée de fuel; oui mesdames et messieurs cet Etat voyou prive la Palestine du pétrole arabe qui, à défaut d’alimenter les groupes électrogènes des hôpitaux de gaza, ira faire le plein des chars Merkava et des F16 israéliens.
La Palestine est aujourd’hui déchiquetée, assassinée, rasée, privée d’eau et d’électricité mais l’Occident jouit et jubile.
Déplacement de population, nettoyage ethnique, utilisation d’arme interdite, punition collective, assassinats de journalistes et leurs familles, bombardements à tout-va et sans relâche. Tout y passe : hôpitaux mosquées églises écoles de réfugiés, ambulances, boulangeries et marchés. Autant de terreur et de crimes de guerre documentés en live mais «son altesse» le Premier ministre anglais trouve que les qualifier de la sorte est une pure exagération !
Triste est ce monde où le massacre de civils innocents par une armée d’occupation est devenu un droit à la défense et où le nombre de morts est devenu une simple statistique.
Triste est ce monde où les médias suivent une ligne éditoriale aussi nauséabonde.
Triste est ce monde où le bourreau est devenu victime.
Triste est ce monde où «le blond aux yeux bleus» détient la puissance et la vérité.
Triste est ce monde où un Etat voyou -plus jeune que la plaque d’égout de la ville de Jaffa (actuelle Tel Aviv)- tourne en bourrique toutes les nations libres.
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