«Nous ne sommes pas des criminels. Nous ne sommes pas des conspirateurs. Nous ne sommes pas des traîtres. Nous sommes des activistes politiques, des opposants au coup d’État du 25 juillet 2021».
C’est ce qu’a déclaré la militante Chaima Issa, l’une des dirigeantes du Front du salut national (FNS), principale coalition d’opposition au président Kaïs Saïed, a sa sortie du tribunal militaire de Tunis, où elle venait d’être condamnée à un an de prison avec sursis pour avoir «offensé» le président de la république dans des déclarations faites aux médias, affirment ses avocats.
L’un des membres de son comité de défense, l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, elle-même poursuivie pour des déclarations aux médias à propos des procès politiques, a précisé, sur Facebook, qu’Issa avait été condamnée à six mois de prison pour «incitation» des membres de l’armée à désobéir aux ordres, quatre mois pour «offense» au chef de l’Etat et deux mois pour «diffusion de rumeurs dans le but de porter atteinte à la sécurité publique.»
Issa, 43 ans a déclaré, après son audition par le tribunal militaire, que les opposants au président Saïed sont traités comme des «criminels». Elle avait été emprisonnée en février avec d’autres figures de l’opposition, avant d’être libérée le 13 juillet en attendant son procès pour des accusations similaires.
L’avocat Samir Dilou, autre membre de son comité de défense, a critiqué sa comparution hier devant un tribunal militaire, «en application du fameux décret 54 qui punit la diffusion de fausses informations. C’est dangereux», a-t-il déclaré à l’AFP.
«Le tribunal militaire n’a pas le pouvoir de juger les opposants. Les procès d’opinion doivent cesser», a-t-il aussi déclaré. «Un pays dans lequel il y a eu une révolution contre l’injustice n’a pas le droit de traduire en justice ses opposants pour leurs idées et leurs opinions», a-t-il ajouté.
«Elle (Chaima Issa) n’aurait jamais dû être poursuivie pour avoir exprimé ses opinions, ni jugée par un tribunal militaire», a commenté Salsabil Chellali, représentant de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Tunisie, sur X après l’annonce du verdict. Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, hommes d’affaires et autres personnalités, qualifiés de «terroristes» par Saïed, ont été emprisonnés pour «complot contre la sécurité intérieure».
I. B.
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