Le recours aux emprunts directs auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour répondre aux besoins du budget de l’Etat n’a pas abouti directement à la création monétaire puisque ces montants étaient déduits des réserves de devises pour rembourser la dette extérieure.
C’est ce qu’indique l’intermédiaire boursier Mac SA dans sa Note de conjoncture économique en Tunisie, publiée le 12 avril 2024, s’inscrivant ainsi en faux contre ceux qui ont accusé la BCT de recourir massivement à la planche à billets pour financer les besoins budgétaires de l’Etat via les emprunts obligataires sur le marché intérieur.
Le déficit budgétaire du pays devrait atteindre 10,6 milliards de dinars tunisiens (MMDT). Cela représente un remboursement du principal de 17,9 MMDT (8,1 MMDT de prêts intérieurs et 9,8 MMDT de prêts extérieurs), ajoute la même note.
Ce montant, d’un montant total de 28,5 MMDT, sera financé, comme le prévoit la Loi de Finances 2024, par des emprunts intérieurs (11,7 MMDT) et des dettes extérieures (16,4 MMDT). Les 0,4 MMDT restants seront pris en charge par le Trésor.
«L’Etat – face à l’impossibilité d’obtenir des emprunts extérieurs au premier trimestre 2024- a eu recours à des emprunts directs auprès de la BCT pour un montant total de 7 milliards de dinars», peut-on encore lire dans le document.
Environ la moitié des fonds versés n’ont pas conduit à une création monétaire dépassant les besoins de l’économie, car celle-ci a été compensée par une diminution des réserves de change. La Banque centrale a fourni à l’Etat des fonds en devises et non en dinars tunisiens pour payer ses dettes extérieures, ce qui n’a pratiquement aucun impact sur la création monétaire nette.
Décélération de l’inflation
Le taux d’inflation, selon Mac SA, s’est établi à 7,5% en février et mars 2024. Cette tendance à la baisse se poursuivra pendant quelques mois, sur la base du niveau d’avant la crise ukrainienne (2021), avant de retomber à près de 7% à la fin de l’année. Le taux d’inflation moyen pour 2024 s’établirait alors à 7,3% contre 9,3% en 2023.
L’inflation importée reste importante compte tenu de la pression sur le taux de change liée à un dollar attendu plus fort, le taux directeur américain étant maintenu à 5,25%, et de la hausse des prix internationaux (pétrole, métaux, sucre) même si certains prix ont baissé (céréales).
La composante locale de l’inflation est étroitement liée à la rareté de certaines matières premières et au nombre croissant d’intermédiaires commerciaux.
Ce ralentissement de l’inflation peut favoriser la stabilité du dinar et contribuer à maintenir le pouvoir d’achat.
Croissance atone au premier trimestre 2024
Une croissance lente a été signalée au premier trimestre, a indiqué Mac SA. Ceci est défavorable à la création d’emplois étant donné le manque d’investissements des secteurs public et privé.
Les indicateurs du premier trimestre suggèrent que l’amélioration du secteur agricole est compensée par le déclin de l’industrie, ce qui donne lieu à un taux de croissance relativement faible.
La croissance du PIB au premier trimestre devrait osciller entre 0,5% et 1%, soit une légère hausse par rapport à l’année dernière (0,4%) mais en-deçà de l’objectif fixé pour 2024 (2 %).
La poursuite de la politique de contrôle des importations, la mobilisation de financements extérieurs ou d’investissements directs étrangers à des niveaux similaires à ceux rapportés ces dernières années et la stabilité des prix internationaux aideraient la Tunisie à respecter ses engagements financiers et commerciaux internationaux tout en affichant un niveau acceptable et légère baisse des réserves de change.
Cela présente l’avantage d’éviter de rééchelonner la dette extérieure afin que le pays reste crédible, comme il l’a toujours été.
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