La justice internationale en grand danger

Les Etats-Unis, qui ont sauvé à deux reprises le monde et ont contribué à édifier des lois internationaux et une Onu pour veiller à leur primauté, ne peuvent pas être eux-mêmes les fossoyeurs de leurs propres valeurs.

Khemaïs Gharbi

Dans un monde où les fondements de la paix et de la justice internationales sont constamment remis en question, l’idée même d’une législation préventive visant à sanctionner les responsables de la Cour pénale internationale (CPI) pour le lancement d’un mandat d’arrêt éventuel contre des responsables israéliens pour des crimes de guerre à Gaza, est non seulement préoccupante, mais également dangereuse.

Cette initiative des législateurs américains, qui serait en préparation, représente une atteinte directe aux principes fondamentaux du droit international et compromet gravement la crédibilité de la CPI en tant qu’organe impartial chargé de poursuivre les crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale dans son ensemble.

Une voie dangereuse

Lorsqu’un pays, motivé par sa puissance militaire ou ses intérêts politiques, tente de subvertir les lois internationales et le droit international pour servir ses propres intérêts, il s’engage sur une voie dangereuse qui mine les fondements mêmes de l’ordre mondial. Le recours à des mesures coercitives contre les membres de la CPI constitue une tentative flagrante d’entraver le fonctionnement indépendant de cette institution et de discréditer ses efforts visant à promouvoir la justice et la responsabilité à l’échelle mondiale.

En outre, cette tentative de manipulation du système judiciaire international en faveur d’un acteur spécifique porte un coup sévère à la crédibilité et à l’efficacité des tribunaux internationaux, qui sont censés être des garde-fous contre les abus de pouvoir et les violations des droits de l’homme.

En sapant la légitimité de la CPI et en détruisant la confiance envers les mécanismes de justice internationale, de tels actes mettent en péril la capacité de la communauté internationale à lutter efficacement contre l’impunité et à promouvoir la primauté du droit à l’échelle mondiale.

Maintenir la primauté du droit

En tant que membres de la communauté internationale, il est de notre devoir de nous opposer fermement à toute tentative de politisation ou de manipulation du système judiciaire international. Nous devons défendre les principes fondamentaux de l’État de droit et de la justice universelle, et nous dresser contre ceux qui cherchent à les affaiblir ou à les contourner pour servir des intérêts particuliers.

Cependant, il est également crucial de reconnaître le rôle crucial que les États-Unis ont joué dans la promotion des valeurs démocratiques et des principes de droit international à travers le monde. En tant que nation cofondatrice des Nations Unies et championne des droits de l’homme, les États-Unis ont joué un rôle prépondérant dans la mise en place des structures et des mécanismes visant à maintenir la primauté du droit sur la scène internationale.

Ainsi, plutôt que de chercher à saper les efforts de la CPI, les États-Unis devraient œuvrer en faveur du renforcement de ces institutions et de la promotion de la justice et de la responsabilité à l’échelle mondiale. En agissant de la sorte, ils pourraient continuer à jouer un rôle positif et constructif sur la scène internationale, tout en défendant les valeurs qui ont fait d’eux un phare de la démocratie et de la liberté dans le monde entier.

En fin de compte, le pays qui a sauvé à deux reprises le monde et a contribué à édifier des lois et une Onu pour maintenir la primauté du droit ne peut pas être lui-même le fossoyeur de ses propres valeurs.

* Traducteur et écrivain.

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