Abir Moussi écrit de sa prison : «Je continuerai à résister et à supporter les injustices»

Dans un texte qu’elle a écrit en prison, où elle se trouve depuis le 3 octobre dernier, Abir Moussi souligne sa détermination à résister et à faire triompher la vérité. Le texte, ici traduist de l’arabe, a été diffusé, hier, mardi 14 mai 2024, par le comité de défense de la présidente du Parti destourien libre (PDL).

En ce même jour de l’année 1998, les résultats définitifs du concours du Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) pour la session de 97 ont été annoncés et la liste des lauréats accrochée dans le hall de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Ce jour-là, j’ai remporté la première place sur le plan national.

Un rêve d’enfance s’est réalisé, je suis devenue avocate et mon parcours professionnel a démarré. Mes préoccupations ont évolué peu à peu et mon expérience a mûri au fil des ans. Je suis arrivée à la conviction que la cause la plus noble que pourrait porter un avocat est celle de sa nation et que la mission la plus honorable que je pourrai accomplir en tant qu’avocate c’est de dire la vérité au temps du mensonge.

J’ai porté la robe noire pour défendre mon parti en 2011 [le  Rassemblement constitutionnel démocratique, ancien parti au pouvoir sous Ben Ali, Ndlr] et j’ai plaidé aux côtés de mes collègues devant les tribunaux pour affronter l’obscurantisme et les organisations terroristes et défendre l’Etat civil. C’est ainsi que j’ai déposé des dizaines de plaintes auprès des tribunaux aux diverses spécialisations pour mettre fin aux actes illégaux.

Aujourd’hui, je suis illégalement incarcérée, en guise de sanction pour mes positions et de représailles parce que j’ai ouvert les yeux du peuple et levé le voile sur les systèmes de gouvernement successifs qui ont détruit le pays et nous ont amenés dans la situation catastrophique actuelle.

L’incarcération abusive et les tentatives pour m’enterrer vivante, comme celles visant à cueillir les fruits de mes efforts et de mes sacrifices [allusion à l’ancien ministre Mondher Zenaïdi, qui tente de présenter sa candidature à la présidentielle au nom des Destouriens, Ndlr], seront inutiles. Car, tôt ou tard, seul la vérité et le droit finiront par triompher du mensonge.

Je continuerai à résister et à supporter les injustices, parce que je crois à la justesse de la cause que je défends.        

Je ne renierai jamais mes convictions quel qu’en sera le prix…»