Durant deux jours, les 8 et 9 juillet 2024, la cochenille de cactus qui infeste ce fruit surnommé «le sultan des fruits» en Tunisie, a été au cœur des travaux de lancement d’un nouveau projet d’urgence financé par la FAO.
Ce projet vise à circonscrire ce ravageur dans les zones infestées, avec l’application des mesures de lutte intégrant plusieurs approches, y compris le développement des variétés tolérantes.
Les travaux de cet atelier de lancement, qui se sont tenus à Tunis, représentent une étape cruciale pour sa mise en œuvre. La diversité des intervenants dont les cadres du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche relevant de la Direction générale de la santé végétale et du contrôle des intrants agricoles (DGSVCIA), les représentants des Commissariats régionaux au développement agricole (CRDA), les institutions de recherches agronomiques ainsi que les agriculteurs et exploitants ont consolidé l’approche participative.
La FAO en Tunisie soutient, à travers ce projet l’élaboration d’un plan d’action opérationnel et l’engagement des parties prenantes à adopter des pratiques durables. En termes de partage d’expériences et de connaissance, les débats ont été fructueux à la lumière de l’expérience du Maroc.
En effet, la FAO a facilité ce partage entre pays à travers l’expert Mohamed Sbaghi de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA Maroc) se basant sur l’expérience issue des résultats de recherche et autres approches expérimentées au Maroc. L’une des approches a été axée sur l’identification et la proposition d’alternatives de lutte biologiques par des ennemis naturels. L’identification de biopesticides d’origine végétale ou microbienne pour le traitement des vergers infestés. Enfin, l’identification des variétés ou écotypes résistants ou tolérants aux attaques de ce ravageur. Les résultats de ces recherches scientifiques en laboratoires et sur terrain ont permis au Maroc aujourd’hui (2020 à 2024) de reconstituer 40 000 hectares, selon M. Sbaghi.
Lutte biologique et plan de gestion sur le long terme
Lutter contre la cochenille de cactus est un processus long et pour lequel, il est préférable de parler de gestion plutôt que d’éradication. Confronté au même scénario depuis 2014, le Maroc a entrepris un programme de recherche portant sur la sélection des variétés résistantes et la lutte biologique. Sur la base de minutieux travaux qui ont décortiqué le cycle de vie de la cochenille du cactus, et l’observation de son comportement déroutant ainsi que la célérité de son déplacement, il est compliqué d’établir des protocoles d’éradication.
Au terme des travaux de cet atelier, trois axes ont conduit les travaux des participants pour la formulation d’un plan national opérationnel, à savoir, la prévention et la sensibilisation aussi bien des agriculteurs que des médias, l’adoption d’une approche intégrée et multidisciplinaire pour l’identification des variétés locales tolérantes et résistantes pour la conservation des variétés locales tunisiennes à l’abri de la menace de la cochenille.
A noter que les superficies de cactus en Tunisie sont estimées à 600 000 hectares dont 117 771 cultivées pour des fins commerciales. Reconnue comme l’un des principaux producteurs de figues de barbaries, la Tunisie occupe la deuxième place mondiale après le Mexique en termes de production avec 550 000 tonnes de fruits par an. Aussi, l’industrie de la transformation du figuier de barbaries s’est fortement développée et on compte, en 2022, 47 entreprises dont 20 exportatrices. «Le Sultan des fruits» est menacé depuis 2021 par la cochenille du cactus qui constitue une menace sérieuse pour la production du cactus. En plus des efforts et du plan d’urgence déployés par les autorités compétentes.