Le poison de la division, arme des extrémistes de tous bords

L’arabophobie et l’islamophobie succèdent largement aujourd’hui, dans les pays occidentaux, à l’antisémitisme qui a alimenté la folie de la seconde guerre mondiale.  

Khémaïs Gharbi *

Face à l’actuelle montée des extrémismes, il est crucial de rappeler que la destruction d’un peuple peut souvent découler de ses propres divisions. Lorsque la discorde s’installe, lorsque les rancœurs se multiplient, la haine s’immisce insidieusement parmi les citoyens, souvent alimentée par des forces extérieures.

Au cœur de cet engrenage, on retrouve une propagande habilement orchestrée : une campagne visant à faire détester une population, à dresser les individus les uns contre les autres, et à amplifier les dérives des dirigeants.

Ce processus ne fait que renforcer le pouvoir des extrémistes, qui se nourrissent de cette animosité pour atteindre leurs objectifs. Une fois au pouvoir, ils réitèrent la même stratégie: tourner les populations les unes contre les autres. Les dirigeants d’hier deviennent les cibles de la rancœur, et ainsi, le cycle de la haine se perpétue. Les fake news, véritables outils de manipulation, alimentent cette dynamique destructrice. Nous voyons alors ce schéma se répéter, fidèle à lui-même à travers les âges.

Prenons garde à ne pas céder à l’excès de la généralisation. Il est essentiel de se méfier des discours simplistes, qui exploitent les cas les plus flagrants pour justifier la xénophobie ou l’islamophobie. Les images choquantes, soigneusement choisies pour attiser la haine, ne doivent pas nous faire oublier l’humanité partagée qui nous unit.

Pour détruire un pays, les forces d’invasion n’ont pas besoin d’un armement massif. Il leur suffit de semer le doute et la division parmi sa population, en l’isolant de ses voisins, en supprimant toute forme de solidarité.

L’histoire nous enseigne que ces tactiques sont mortelles. La Shoah, qui a débuté dans les années trente, nous rappelle que tout est permis pour alimenter l’antisémitisme et que nous devons rester vigilants face à ces dérives. Aujourd’hui, l’arabophobie et l’islamophobie succèdent largement à la folie d’avant-guerre.

Les images de celui qui prie dans une piscine ou celle d’une femme voilée à l’extrême nager dans la mer, pullulent sur les réseaux. Les faux récits sur les fatwas, traitant aussi bien de l’astronomie que de la zoologie ou de la botanique, se propagent à une vitesse vertigineuse sur les réseaux sociaux, visant toujours les mêmes cibles, la même catégorie de population.

Il est donc impératif de ne pas servir de relais à ceux qui, par leurs mots et leurs actions, cherchent à diffuser le poison de la division. En tant que citoyens, nous devons nous engager fermement contre toutes les formes d’extrémisme, et travailler à bâtir des ponts de compréhension, de respect et de solidarité.

L’unité et la tolérance sont nos meilleures armes contre les forces qui cherchent à nous diviser. Refusons la haine, et avançons ensemble vers un avenir pacifique.

* Ecrivain, traducteur.

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