Comment réagiraient les Etats-Unis à l’élection de Saïed en Tunisie ?

Après la réélection du président Kaïs Saïed en Tunisie avec 90,6% des voix et un taux de participation de 28,8% dans une compétition électorale caractérisée par la présence de seulement trois candidats en lice, il serait intéressant de voir comment Joe Biden se positionnera et s’il félicitera publiquement Saïed ou non.

C’est la question que pose Alissa Pavia, directrice associée du programme Afrique du Nord au Centre Rafik Hariri et des programmes Moyen-Orient du groupe de réflexion américain Atlantic Council, rappelant qu’en 2014, le président Barak Obama n’avait pas publiquement félicité Abdelfattah Al-Sissi en Égypte, alors que le Département d’État américain s’est contenté d’en prendre note.

La position à l’égard de la Tunisie sera tributaire du résultat des prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Une éventuelle victoire de Donald Trump ou de Kamala Harris pourrait avoir des implications importantes pour la Tunisie et l’Afrique du Nord, explique Alissa Pavia à l’agence italienne Ansa. «Trump se présente comme un leader pragmatique, avec une vision isolationniste dans le domaine militaire et une politique étrangère basée principalement sur la realpolitik plutôt que sur le soutien aux réformes de gouvernance et à la protection des droits de l’homme», explique l’analyste, soulignant que «cela pourrait influencer la Tunisie de plusieurs manières». «D’un côté, il ne serait pas reproché à Saïed sa répression politique contre ses opposants et les médias. D’un autre côté, l’isolationnisme de Trump le conduirait à réduire au minimum l’aide économique et politique à la Tunisie. Cependant, il est probable qu’il maintienne les subventions militaires actuelles pour surveiller la situation au Sahel», explique Pavia.

L’analyste italienne enchaîne : «Harris, en revanche, aurait une approche différente, moins isolationniste et plus centrée sur les droits civiques. Elle pourrait adopter une position plus critique envers Saïed, condamnant publiquement ses actions. Cependant, il est peu probable qu’elle retire l’aide militaire [des Etats-Unis à la Tunisie], car elle est consciente de la grave situation au Sahel et de ses implications pour la région et pour les alliés américains».

I. B. (avec Ansa).

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