La vulgarité et le racisme ont toujours été la marque de fabrique de Donald Trump cependant à l’occasion de cette élection présidentielle, il ne recule plus devant aucune grossièreté pour attiser la haine et réveiller les pulsions xénophobes les plus dangereuses dans la société américaine croyant ainsi pouvoir retourner au Bureau ovale et souffler de nouveau le chaud et le froid sur la planète entière. Il promet de mettre en place le plus grand plan de l’histoire d’expulsion des migrants et qualifie ces derniers d’«animaux» qu’il accuse d’«empoisonner le sang de notre pays». C’est avec un discours d’un suprémaciste blanc déchaîné qu’il croit servir l’Amérique alors qu’il en donne une piètre image. (Trump monte à la tribune entouré de photos de migrants sans papiers que les autorités accusent de crimes).
Imed Bahri
Le journal britannique The Times dans un article intitulé «Le plan d’expulsion massive de Trump changera fondamentalement l’Amérique» est revenu sur la croisade anti-migrants de Donald Trump.
Le candidat républicain à la présidentielle a promis, lors d’un rassemblement à Aurora, dans le Colorado, qu’il sauverait la ville et chaque ville qui a été «envahie et occupée» par des migrants en situation irrégulière.
Trump a déclaré qu’il invoquerait les pouvoirs d’urgence en temps de guerre, activerait les réserves militaires et s’appuierait sur le soutien de gouverneurs républicains partageant les mêmes idées pour procéder à la plus grande expulsion massive de sans-papiers dans l’histoire des États-Unis.
Expulsion forcée de 15 à 20 millions de personnes
L’ancien président américain a expliqué que des groupes de travail fédéraux seraient créés pour cibler la population immigrée dans des villes comme Aurora, que la police locale bénéficierait d’une immunité totale contre les poursuites notant que son plan qui s’appellera «Opération Aurora» inclurait l’expulsion forcée de 15 à 20 millions de personnes.
Cela survient quelques jours après un autre discours dans lequel Trump accusait la candidate démocrate à la présidence Kamala Harris d’avoir tenté d’«inonder tout le Midwest de milliers de migrants en provenance des pays les plus dangereux de la planète laissant les communautés locales dans un état de douleur et de désespoir». Harris a dénoncé le discours de son adversaire sur l’immigration le qualifiant de raciste et inhumain.
Cependant, selon le Times, Harris a refusé de condamner les projets d’expulsion massive de Trump. Peut-être que sa campagne se rend compte que la majorité des Américains sont d’accord sur la nécessité des expulsions massives et que le pourcentage de ceux qui y croient est en augmentation comme le montre un sondage. La société Scrib Ipsos a montré en septembre que 54% des électeurs étaient favorables aux expulsions massives contre 51% lors d’un sondage similaire réalisé en avril et que ce plan est soutenu par 68% parmi les électeurs républicains.
Malgré tout cela, les experts en immigration ont mis en garde contre les conséquences économiques et humanitaires désastreuses si Trump au cours de son deuxième mandat (en cas d’élection) procédait à des expulsions massives à l’échelle qu’il a promise. Un rapport publié par l’American Immigration Council, un groupe de réflexion non partisan, a constaté que le coût de l’expansion de l’infrastructure du gouvernement fédéral pour l’évacuation des millions des migrants en situation irrégulière résidant aux États-Unis s’élèverait à 315 milliards de dollars.
Le rapport affirme que les pénuries de main-d’œuvre qui en résulteraient dans les secteurs de la construction, de l’agriculture, de l’hôtellerie et de l’entretien ménager entraîneraient une contraction de l’économie américaine de 4,2%, soit à peu près l’équivalent de la Grande Récession de 2008.
«Il n’y a aucun moyen de se lancer dans des expulsions massives sans modifier radicalement le gouvernement fédéral, l’économie nationale et, en fin de compte, l’Amérique elle-même», a déclaré le directeur exécutif du Conseil Jeremy Robbins dans un communiqué ajoutant que la proposition de Trump séparerait probablement des millions de familles et aura aussi pour conséquence que les migrants réguliers vivront «sous la répression armée».
Les experts en matière d’immigration affirment que des obstacles juridiques, économiques et politiques rendraient presque impossibles les expulsions massives à l’échelle promise par Trump.
Un discours passible de poursuites pénales
Le Républicain est arrivé au pouvoir en 2016 en promettant d’expulser des millions de migrants réguliers et de construire un mur le long de la frontière sud avec le Mexique pour limiter les passages illégaux mais l’écart entre ses ambitions anti-immigration et sa capacité à procéder à des expulsions massives est devenu clair à cette époque.
Trump a étendu les pouvoirs de l’agence de l’immigration et des douanes pour détenir des migrants irréguliers et les arrestations ont augmenté de 30% en 2017 et plus de 5 000 enfants ont été séparés de leurs parents. Cependant, les expulsions n’ont pas dépassé 350 000 au cours du premier mandat de Trump ce qui est bien moins que les 432 000 personnes qui ont été expulsées sous l’administration de Barack Obama en 2013.
Trump a déclaré qu’il invoquerait l’Alien Enemies Act, une loi datant du XVIIIe siècle, en vertu de laquelle le président peut expulser toute personne d’un pays avec lequel les États-Unis sont en guerre. Stephen Miller, un conseiller influent de la première administration Trump, a déclaré que le plan comprendrait la construction de zones de transit à grande échelle près de la frontière, très probablement au Texas.
Utilisant une rhétorique de plus en plus sombre, Trump a décrit les vagues de demandeurs d’asile arrivant à travers la frontière sud des États-Unis à l’époque de l’administration du président Joe Biden comme une attaque existentielle contre l’identité de la nation et a déclaré: «Ils empoisonnent le sang de notre pays» et a décrit sans hésitation Aurora comme «une ville assiégée par les gens les plus violents de la planète». Trump a également déclaré: «Nous devons vivre avec ces animaux mais nous ne vivrons pas longtemps avec eux» et sa promesse d’exécuter tout migrant qui tue un citoyen américain a été accueillie par les acclamations les plus vives. Raquel Lynn Arellano, directrice de communication de l’organisation la Coalition pour les droits des migrants du Colorado, a déclaré que la rhétorique incendiaire a conduit à une augmentation du climat de violence et de peur parmi les migrants vivant à Aurora. Un discours passible de poursuites pénales dans d’autres pays mais qu’il continue de proférer sans être inquiété.
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