L’article ci-dessous n’est pas à proprement parler une tribune mais un droit de réponse à deux auteurs, médecins de leur état (Dr Mounir Hanablia et Dr Abderrahmane Cherfouh), qui ont critiqué, sur ce même journal, séparément, les positions de l’auteur exprimées également sur Kapitalis à propos de l’affaire de la jeune tunisienne Donia Gueni victime de harcèlement et condamnée en Algérie à un an de prison.
Elyes Kasri *
Il est heureux que le jugement précipité prononcé à l’encontre de la jeune tunisienne victime de multiples harcèlements en Algérie en plus d’un déni d’assistance par la force publique semble avoir été annulé pour pouvoir aboutir à sa relaxation et son retour à son pays natal.
La pression exercée par la société civile tunisienne et quelques bonnes volontés algériennes a réussi à mettre fin à cet épisode kafkaïen où la victime est subitement devenue un danger public à juger et condamner en toute urgence.
Durant cet épisode qui ne sera certainement pas gravé en lettres d’or dans les relations entre les deux peuples voisins et frères, certaines voix se sont élevées avec une acrimonie remarquable contre ceux qui ont critiqué ce comportement qui ne peut que nuire aux relations de bon voisinage entre les deux peuples.
Ainsi, un docteur tunisien s’est illustré par la défense quitte à justifier le comportement misogyne des hooligans et certains membres des forces de l’ordre de ce pays voisin, ce qui pourrait être à la limite compréhensible au vu de la manne que représente la clientèle algérienne pour de nombreux médecins tunisiens.
D’autre part, parmi les voix algériennes, un médecin établi au bout du monde, en l’occurrence au Canada, tant il semble affectionner son pays, s’est illustré par une agressivité qui mériterait l’attention de ses collègues. Ce médecin semble avoir oublié ou feignant l’oubli qu’un patriote aussi fervent qu’il prétend être ne prive pas ses compatriotes de ses services et de sa compétence, si tant fut-il qu’elle soit avérée, pour qu’ils soient dans l’obligation de se rendre à l’étranger pour se faire soigner.
Le patriotisme, bien que les expatriés n’en soient certainement pas exclus, commence par servir son pays et ses concitoyens en dépit de toutes les difficultés car parmi d’autres professions nobles, le serment d’Hippocrate est une forme élevée d’humanisme et de militantisme pour ceux qui acceptent ses sacrifices et non ceux qui s’envolent vers des cieux plus cléments et plus rémunérateurs pour compenser occasionnellement, comme dans le cas d’espèce, leur abandon de leur devoir national par une agressivité rabique tous azimuts.
En dépit des attraits de la migration, quand on peut aider ses concitoyens dans un domaine aussi vital que la santé, on ferait bien de se regarder soi même avant d’essayer de trouver des défauts et des vices chez les autres.
Dans ce cas, un miroir serait d’une grande utilité en plus de la grisaille du Canada pour calmer les accès de fièvre pseudo patriotique.
* Ancien ambassadeur.
Donnez votre avis