La très riche et très influente Miriam Adelson, veuve du magnat des casinos de Las Vegas Sheldon Adelson, est la première donatrice de Donald Trump. Elle lui a donné 100 millions de dollars pour cette campagne présidentielle de 2024 sans parler des précédentes. Elle dépasse même Elon Musk qui a donné 75 millions de dollars à la campagne du candidat républicain. Des dons dont l’unique objectif est d’obtenir toujours plus pour Israël.
Imed Bahri
Le journal espagnol El Pais a retracé l’histoire de la milliardaire israélo-américaine Miriam Adelson qui dépense sans compter pour assurer le retour de l’ancien président républicain Donald Trump à la Maison Blanche lors de l’élection présidentielle du mardi 5 novembre 2024.
Le journaliste Pierre Lomba remonte à la présidence de Trump lorsqu’il a décidé de déplacer l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem et de la reconnaître comme sa capitale éternelle et indivisible, décision qui contredisait le consensus international qui existait depuis des décennies.
Lors de la cérémonie d’inauguration de l’ambassade en 2018, Miriam et son mari, Sheldon Adelson, applaudissaient avec enthousiasme et souriaient jusqu’aux oreilles.
Plus tard, le couple milliardaire qui a fondé l’empire du jeu Las Vegas Sands a acheté l’ancien siège de l’ambassadeur américain à Tel Aviv pour plus de 80 millions de dollars afin de s’assurer que la prochaine administration américaine ne reviendrait pas sur sa décision.
Maintenant que Sheldon Adelson est décédé en 2021, Miriam suit ses traces et poursuit la campagne. Elle cherche à redevenir la plus grande donatrice de Trump et de facto à devenir l’une des personnalités les plus influentes de la prochaine administration.
Une «enfant de l’Etat» juif
Miriam Adelson est née à Tel Aviv en 1945 et son nom de jeune fille est Miriam Farbstein, fille d’une famille de migrants juifs de Pologne. Son père, un socialiste propriétaire de plusieurs cinémas, a émigré en Palestine en 1931 pour rejoindre l’un des kibboutzim, des colonies agricoles établies par des Juifs. Quant à sa mère, elle est une survivante du génocide nazi qui a anéanti sa famille. Ainsi, Adelson appartient à la génération «des enfants de l’État» qui a accompagné la création d’Israël.
Après avoir obtenu un diplôme en microbiologie et médecine génétique, Adelson a effectué son service militaire dans l’armée israélienne pendant deux ans. Elle est ensuite devenue médecin-chef du service des urgences d’un hôpital de Tel Aviv. Elle y rencontre son premier mari, médecin, avec qui elle aura deux fils. Durant cette période, elle s’intéresse au traitement des addictions qui devient une partie importante de son travail.
En 1986, après son divorce avec son mari, Adelson a déménagé à New York pour travailler à l’Université Rockefeller. Elle avait l’intention d’y rester pendant une courte période mais sa situation a changé après qu’un ami lui ait organisé un rendez-vous romantique avec Sheldon Adelson, un homme d’affaires juif en plein essor à l’époque qui venait de divorcer de sa femme et avait fait une petite fortune en accueillant des invités à une conférence informatique annuelle à Las Vegas où il possédait une salle de jeux.
Miriam Adelson a écrit plus tard: «Ce qui m’a attiré, c’est sa vision et son enthousiasme qui correspondaient à ceux de Herzl», faisant référence à Theodor Herzl, fondateur du mouvement sioniste.
Le couple a créé un partenariat solide dans les domaines des affaires, de la politique et de la philanthropie. Lors de leur lune de miel à Venise, elle le convainc de transformer sa salle de jeux en un complexe hôtelier géant. Au fil des années, ils ont élargi cet empire pour devenir le plus grand groupe de salles de jeux au monde avec des projets s’étendant de Las Vegas à Singapour en passant par Macao.
Un couple au service de Netanyahu
Leur flirt avec le pouvoir a commencé presque immédiatement après leur mariage. La cérémonie de mariage a eu lieu en Israël et a provoqué un tollé car ils ont utilisé un siège réservé aux événements officiels ce qui a obligé l’actuel Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors ministre des Affaires étrangères, à présenter des excuses.
Des années plus tard, le couple a utilisé son influence à travers leur journal Israel Hayom (quotidien israélien gratuit paraissant en hébreu et dont le tirage est le premier des journaux israéliens) pour faire pression sur Ehud Olmert qui était Premier ministre pour qu’il démissionne de son poste afin d’ouvrir la voie à la montée de Netanyahu, une histoire dont Olmert en a parlé dans ses mémoires.
Les Adelson ont compris très tôt que l’argent était l’outil d’influence le plus efficace. En 2005, ils ont fait don de 500 000 dollars à l’investiture du président George W. Bush ce qui a permis à Miriam de soumettre un livre sur le jihad au chef de cabinet de la Maison Blanche de l’époque. «C’est vraiment incroyable que nous ayons cette influence», se souvient-elle avec une touchante crédulité, selon le New York Magazine.
Plus ils donnent, plus leur influence est grande. Lors de la première campagne de Trump, ils ont fait don de 25 millions de dollars. En 2020, ce chiffre est passé à 90 millions de dollars. Aujourd’hui, parmi les donateurs individuels, Miriam est la plus grande partisane du candidat républicain avec des dons s’élevant à 100 millions de dollars.
Bien qu’il y ait eu des rumeurs selon lesquelles elle se retirerait de la vie publique après la mort de son mari, Miriam Adelson reste active. Son entourage est d’accord sur une chose: elle n’a jamais été simplement la femme d’un tel.
Le milliardaire Sheldon ne ferait jamais rien sans Miriam. Elle a toujours été à ses côtés et a été à l’origine de nombreuses de ses initiatives, explique Fred Zeidman, ami de la famille et éminent donateur républicain dans une interview à Politico.
En tant que l’un des principaux actionnaires de l’empire du jeu créé par son mari, Miriam poursuit ses activités commerciales. En novembre 2023, elle a racheté l’équipe de basket-ball des Dallas Mavericks de la ligue professionnelle américaine pour renforcer ses efforts visant à faire du jeu une activité légale au Texas.
Cependant son objectif principal est la politique notamment en Israël. Elle a décrit l’opération Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023 comme «une autre sorte d’Holocauste».
Lorsque Trump a transféré l’ambassade américaine à Jérusalem, l’Alliance juive républicaine, également financée par les Adelson, a financé une publicité d’une page entière dans le New York Times montrant Trump portant la calotte juive et posant sa main sur le Mur des Lamentations à Jérusalem avec un texte disant: «Le président Trump a promis et il a honoré sa promesse.»
Nous sommes désormais à quelques jours des élections présidentielles américaines et des questions se posent quant à ce que Miriam Adelson aspire à obtenir en échange de ses importantes contributions financières pour le candidat Trump.
Son objectif en échange des 100 millions de dollars de financement de sa campagne est d’obtenir la reconnaissance par les États-Unis du prochain rattachement de la Cisjordanie à Israël comme elle a obtenu lors de la première présidence Trump la reconnaissance de Jérusalem comme capitale éternelle et indivisible d’Israël.
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