Saïed invite ses ministres à «se sacrifier pour cette chère patrie»

 «L’héritage est lourd et l’ampleur de la destruction est grande. Cependant, chaque responsable doit adopter la mentalité d’un militant qui défend sa patrie et son peuple, et avoir pour devise à tout moment : ‘‘Je me sacrifie pour cette chère patrie’’».

C’est ce qu’a plaidé le président de la république, Kaïs Saïed, lors d’une réunion avec des membres du gouvernement tenue, mercredi 18 décembre 2024, au palais de Carthage, tout invitant chaque responsable, quel que soit son niveau de responsabilité, «à répondre aux espoirs et aux aspirations du peuple tunisien et à œuvrer à trouver des solutions urgentes aux difficultés rencontrées par les citoyens», selon un communiqué de la présidence de la république.

Cette exhortation traduit une frustration face à l’ampleur des difficultés confrontées dans la gestion des affaires du pays et à la faiblesse des moyens, notamment financiers, pour faire face aux besoins exprimés  par les populations. Elle traduit aussi une lassitude et une colère face à ce que le chef de l’Etat considère comme des manquements de l’administration publique qui ne donne pas l’impression d’être en totale adéquation avec ce qu’il attend d’elle : à savoir une participation plus volontaire et plus active à la concrétisation de son projet politique d’assainissement du pays.

Ce discours présidentiel, les Tunisiens ne cessent de l’entendre depuis plusieurs années, décliné sous divers tons, tantôt menaçant tantôt suppliant, mais ils tardent à en voir les fruits en termes de réalisations concrètes qui jailliraient positivement sur leur vécu quotidien. Et c’est là où la frustration présidentielle rencontre celle de ses électeurs, et où la pression sur le gouvernement, le 5e depuis 2019, date d’accession de Saïed à la présidence, devient intenable. Les rôles au sein de l’exécutif étant ainsi répartis que la tâche du président consiste à définir le cap et à montrer la voie et qu’il revient au gouvernement de transformer les paroles en actes. Encore faut-il qu’il en ait les moyens : en termes de compétence intrinsèque, de capacité d’imagination et de ressources disponibles, notamment financières. Et c’est là une autre paire de manche. Ne dit-on pas que la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a.  

Imed Bahri       

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