L’instrumentalisation de la lutte contre l’islamisme, en Belgique et dans d’autres pays européens, est une stratégie dangereuse qui menace la cohésion sociale dans ces pays et doit être dénoncée avec fermeté.
Hamid Benichou *
L’évocation incessante de l’islamisme dans le discours public belge, particulièrement par deux partis politiques, soulève de sérieuses interrogations sur la manière dont ce sujet est abordé et représenté dans le débat politique et médiatique.
Cette présence omniprésente a pour effet de polariser les opinions et d’alimenter des craintes sociétales, souvent exacerbées par les réseaux sociaux. Pourtant, des observateurs, des experts et des acteurs de terrain ne cessent de mettre en garde depuis longtemps contre l’instrumentalisation de l’islam ou l’«islamisme» à des fins politiques, une problématique qui semble avoir pris une ampleur sans précédent ces derniers mois.
L’instrumentalisation de l’islamisme ne fait qu’accroître les tensions sociales et compromet le vivre-ensemble. En se concentrant sur ce sujet, les partis exploitent une angoisse collective croissante, tout en suscitant des interrogations quant à leurs véritables motivations. Leur stratégie consiste à galvaniser une frange de l’électorat inquiet, en jouant sur des peurs et des préjugés, ce qui est inacceptable et indigne d’un discours politique responsable.
En s’érigeant en défenseurs d’une certaine identité belge, ces partis ne cherchent qu’à positionner leur agenda sur la scène politique, tout en négligeant les conséquences à long terme de cette polarisation. Ce faisant, ils stigmatisent le groupe social de foi ou de culture musulmane, simplifiant un sujet complexe et alimentent les discours haineux qui prospèrent dans un climat de peur et d’incertitude. Les réseaux sociaux, en amplifiant ces discours, créent des chambres d’écho où les stéréotypes et préjugés peuvent se renforcer.
Il est crucial de se demander pourquoi l’islamisme a été érigé en sujet central par des partis. Est-ce une réponse légitime à des préoccupations sociétales ou une manœuvre politique pour détourner l’attention des enjeux socio-économiques pressants? Quelle que soit la motivation, il est impératif d’engager un débat ouvert et nuancé, basé sur des faits et une compréhension approfondie des dynamiques sociales, afin d’éviter que la peur et la méfiance ne prennent le pas sur la solidarité et le dialogue.
En somme, cette focalisation sur l’islamisme invite à une réflexion critique sur la manière dont les discours politiques façonnent les perceptions publiques et influencent les relations entre les différentes communautés. L’instrumentalisation de la lutte contre l’islamisme est une stratégie dangereuse qui menace la cohésion sociale et doit être dénoncée avec fermeté.**
* Policier à Louvain, Belgique.
** Ce texte a été publié sur la page facebook de l’auteur.
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