Amirul Arham est poète et cinéaste indien, qui a réalisé une dizaine de films et documentaires. Il a publié deux livres de poésie en français.
Né en 1956 au Bengale-Occidental, Amirul Arham a fait des études de sciences, cinéma et littérature, en Inde, il vient faire un stage avec Jean Rouch, s’installe en France, en 1985. Proche du Nobel d’économie, Muhammad Yunus, il lutte contre la pauvreté.
A publié deux livres de poésie : Le trempage sous la pluie, 1998; Dans tes yeux, il y a l’ombre de la mer, édition bilingue, bengali-français, 2011.
Tahar Bekri
Où que tu ailles
Les traces de tes pas te suivent
C’est une percée de chants de bâuls
Un midi assoupi par le roucoulement des tourterelles
Nostalgique l’après-midi jonché de pétales de flamboyants
Une soirée de kîrtan, parfumée d’encens,
De riz soufflé au beurre, de thé au sucre
Des frissons dans l’obscurité, des cris de Dâhuk et de Hibou
Toute la nuit confiante reste collée contre ma poitrine.
Où que tu ailles
Les oiseaux ne cessent de voler à tes côtés, volent
Par ce lointain qui frôle le ciel
Ce nuage noir et blanc- ton sâri- sur le giron de la colline
Le cours de la rivière qui longe la rizière
A ses méandres, un banian cassé et les berges
Dans l’air une flûte, l’odeur du riz mûr,
Un geste venant de l’autre rive,
Un appui sur ma main pour un embarquement empressé/
Où que tu ailles
Même en plongeant dans l’eau profonde, tu flottes, tu flottes
La mer agitée, l’émotion intense sans fin
Le survol d’une mouette, une baleine au fond de l’eau
De vague en vague, côte à côte, tu es avec moi
Nous nageons au milieu des milliers de poissons d’or
Nous deux, roi et reine d’un pays de rêve,
Nous persistons à veiller comme la vigie de pleine lune.
Où que tu ailles
Que tu te fasses consumer par un incendie de forêt
Je demeure planant comme les cendres
Je maintiens le contact avec ton ciel qui est le mien
Qui est le malheur et le bonheur de tous les souvenirs
De notre vie calcinée.
Nous marchons et nous marchons
Tantôt nous nous arrêtons tantôt
Nous nous regardons
Tantôt nous restons muets :
Dis-moi, comment s’appelle cette fleur?
quant à ce beau petit oiseau ?
Traduit du bengali par Pritlhwindra Mukherjee
Extrait de ‘‘Dans tes yeux l’ombre de la mer’’, Paalam Publications, Paris 2011.
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