Bien que le génocide commis par Israël durant 15 longs mois à Gaza ait tué des dizaines de milliers de Palestiniens, fait autant d’orphelins et de personnes amputées, bien que l’enclave palestinienne ait été réduite en cendre et bien que le président américain Donald Trump ait appelé au transfert de la population civile de Gaza en Égypte et en Jordanie, des centaines de milliers de Gazaouis retournent dans le nord de la bande de Gaza. Une leçon de résilience infligée à Israël qui, malgré toutes les horreurs commises, n’a pas pu faire fuir les Palestiniens de leur terre.
Imed Bahri
Dans une analyse dans le journal Haaretz, l’analyste militaire israélien Amos Harel considère que le retour de centaines de milliers de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza renforce l’hypothèse selon laquelle la guerre israélienne touche à sa fin et que le cessez-le-feu de 42 jours deviendra définitif, estimant qu’avec le retour des Palestiniens et la montée des défis militaires et politiques, la «victoire» de Benjamin Netanyahu ne semble être rien d’autre qu’une illusion alors que la région s’approche d’une nouvelle phase qui pourrait être plus compliquée qu’auparavant.
«Tout comme les photos prises hier (lundi) brisent les illusions de victoire complète que Netanyahu et ses partisans promeuvent depuis des mois, il devra probablement accepter moins que les objectifs qu’il s’est fixés pour la guerre», écrit l’éditorialiste israélien. Tout en rappelant que, tout au long de la guerre à Gaza, Netanyahu a refusé de discuter des arrangements d’après-guerre et de permettre à l’Autorité palestinienne d’y intervenir, et a continué à promouvoir un scénario fictif de défaite totale du Hamas.
Concession tactique pour un objectif stratégique
L’analyste militaire considère que le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a fait une concession tactique afin de concrétiser un objectif stratégique qui est le retour des Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza car après leur retour, il sera difficile pour Israël de reprendre la guerre et de provoquer un nouveau déplacement de masse des civils même si l’accord s’effondre à la fin des six semaines de la première phase.
Bien que des sous-traitants américains du Pentagone soient déployés dans le corridor de Netzarim pour s’assurer qu’aucune arme ne soit introduite en contrebande dans les voitures, il n’y a aucune surveillance des foules se déplaçant à pied et il est probable que le Hamas ait pu faire passer ainsi une bonne quantité d’armes, et qu’il parviendra également à renouveler progressivement ses cadres opérationnels, estime Harel. Par conséquent, toutes les opérations militaires israéliennes dans le nord qu’ils ont complètement isolé n’ont pas eu raison du mouvement palestinien dans cette partie du territoire.
La manœuvre tactique menée par Netanyahu à la suite de pressions internes et externes a certes réussi à libérer un certain nombre de détenus israéliens mais la situation générale montre un déclin de la capacité israélienne à imposer une solution militaire, surtout après les restrictions imposées aux mouvements de l’armée israélienne à l’intérieur de Gaza après le retour de la population civile, estime l’analyste israélien.
L’une des dimensions les plus complexes concerne les pressions internationales qui peuvent être décisives pour déterminer le cours des événements futurs. Selon Harel, les attentes indiquent que le président américain Donald Trump jouera un rôle central dans la détermination de l’avenir du conflit surtout après la confirmation que son intérêt principal est de mettre fin à la guerre et non de la renouveler. Cela mettra Netanyahu dans une position difficile.
Trump devra bientôt rencontrer Netanyahu et la rencontre entre les deux hommes devrait porter sur des solutions politiques qui pourraient inclure la conclusion d’un accord complet incluant la libération de tous les détenus israéliens, en plus de faire pression sur Israël pour parvenir à un règlement politique avec les pays arabes qui comprendra, en plus d’une normalisation globale, une reconnaissance au moins verbale d’une vision future pour la création d’un État palestinien.
L’évacuation des bâtiments et des infrastructures détruits pourrait prendre de nombreuses années. C’est l’une des raisons sur lesquelles le président américain Donald Trump se base quand il a évoqué soudainement mais en le faisant haut et fort l’évacuation de la population de la bande de Gaza pendant la période de reconstruction, une idée dont les dirigeants des États arabes modérés censés financer cette opération se méfient.
Bien qu’affaibli, le Hamas n’a pas été éradiqué
En même temps, l’analyste israélien indique que le Hamas sait que tant que ses dirigeants seront aux commandes de la bande de Gaza, il lui sera difficile d’obtenir la signature des chèques par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et même le Qatar. Dans un tel cas, le risque augmente que le Hamas provoque Israël, ce qui conduirait à une nouvelle guerre qui entraînerait la destruction de la bande de Gaza.
Selon Harel, la situation future de Gaza demeure floue car le Hamas bien qu’affaibli n’a pas été éradiqué et est toujours là en dépit de la guerre qui a duré 15 longs mois. Quant à la question de la gouvernance de Gaza, elle n’a pas été encore tranchée. La décision finale semble être entre les mains de Trump qui, en recevant bientôt Netanyahu à Washington dans une rencontre qualifiée de fatidique, devrait éclaircir davantage ses intentions.
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