Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu souhaitait tuer les dirigeants de la branche politique du Hamas installés dans la capitale qatarie Doha par une opération d’assassinats ciblés conduite par le service de renseignement extérieur le Mossad mais celui-ci refusa de passer à l’acte. Entêté, Netanyahu n’a pas lâché prise et a recouru à une opération militaire du mardi 9 septembre 2025. (Cette photo satellite, fournie par Planet Labs PBC, montre le complexe résidentiel de Doha, au Qatar, visé mardi par une frappe aérienne israélienne.)
Imed Bahri
C’est ce qu’a révélé le Washington Post (WP), affirmant que le Mossad avait planifié une opération terrestre visant les dirigeants du Hamas installés à Doha mais avant de se rétracter et de refuser de l’exécuter, ce qui a obligé Netanyahu à ordonner une frappe aérienne au Qatar qui s’est soldée par un échec, puisqu’aucun des dirigeants politiques du mouvement palestinien n’a été tué dans l’attaque.
Ces révélations ont été attribuées par le journal américain à deux sources israéliennes proches du dossier ayant requis l’anonymat.
Netanyahu passe outre les réserves du Mossad
Le WP a indiqué que David Barnea, le directeur du Mossad, s’est opposé à l’assassinat de responsables du Hamas au Qatar, notamment parce qu’une telle action risquait de rompre les relations que lui et son agence avaient nouées avec les Qataris qui hébergent les dirigeants du Hamas et assurent la médiation dans les négociations de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.
Selon le journal américain, les réserves du Mossad concernant l’opération terrestre reflètent une opposition plus large au sein des services de sécurité israéliens à l’attaque ordonnée par le Netanyahu.
Si les responsables de la sécurité israélienne s’accordent largement à dire que tous les dirigeants du Hamas, y compris ceux vivant à l’étranger, doivent être poursuivis et exécutés, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le choix du moment et du lieu d’une telle opération, sachant que les responsables politiques du Hamas étaient réunis au Qatar, pays allié clé des États-Unis, et qu’ils examinaient lors de cette réunion une proposition du président Donald Trump visant à libérer les otages israéliens détenus à Gaza en échange d’un cessez-le-feu.
Selon David Makovsky, chercheur principal au Washington Institute, «Barnea est connu pour être convaincu de l’utilité de la médiation qatarie et pense qu’il ne faut saboter ni les médiateurs qataris ni le canal de médiation».
Le WP souligne également les objections du chef d’état-major Eyal Zamir quant au moment choisi pour l’attaque, ainsi que le fait que le général de division Nitzan Alon n’ait pas été invité aux discussions devant approuver le plan d’attaque. D’ailleurs, fait remarquer le journal, le nom du Mossad n’a pas été mentionné dans les communiqués officiels annonçant l’attaque au Qatar. Celle-ci a été attribuée aux Forces de défense israéliennes et au Shin Bet.
Au lieu de déployer des agents du Mossad, Israël a eu recours à une option secondaire : le lancement de 15 avions de chasse qui ont tiré 10 missiles à distance. Le Hamas a affirmé que la frappe aérienne n’avait pas tué de hauts responsables, y compris son chef par intérim, Khalil Al-Hayya, affirmant que l’attaque avait tué plusieurs proches et collaborateurs de la délégation ainsi qu’un officier qatari.
Les responsables israéliens ont jusqu’à présent refusé de partager publiquement leur évaluation des résultats, bien qu’immédiatement après l’opération, il soit apparu qu’Israël n’a pas obtenu ce qu’il voulait, selon une personne au courant des détails de l’opération ayant requis l’anonymat, pour n’être pas autorisée à parler aux médias.
Israël croit pouvoir rétablir les ponts avec le Qatar
Le WP cite des sources israéliennes affirmant que l’hypothèse est qu’Israël sera en mesure de rétablir ses relations avec le Qatar au fil du temps, de la même manière qu’il a surmonté l’indignation internationale qu’il a provoquée dans les années 1970 et 1980, après que la Première ministre Golda Meir a ordonné une série d’assassinats dans les pays d’Europe et du Moyen-Orient après les Jeux olympiques de Munich de 1972».
Cet épisode est une énième preuve de l’obstination de Netanyahu qui fait feu de tout bois dans sa folie belliqueuse dont personne ne perçoit l’épilogue. Fort du soutien inconditionnel et de la complicité active des États-Unis et de son président Donald Trump, l’indéboulonnable chef du gouvernement ne recule devant aucun assassinat et devant aucune guerre dans la région alors qu’en presque deux ans, depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne a mené des opérations au Liban, en Syrie, au Yémen, en Iran et, la semaine dernière, au Qatar, tout en poursuivant imperturbablement l’interminable génocide à Gaza.
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