Des dizaines de jeunes ont été interpellés dimanche 28 septembre 2025 au Maroc, lors de manifestations pour le deuxième jour consécutif réclamant «une réforme du système éducatif et des services de santé publique».
À Rabat, les forces de l’ordre ont empêché des groupes de jeunes de se rassembler en plusieurs points du centre-ville, où des dizaines de personnes ont été interpellées.
Ces rassemblements, à l’appel d’un collectif appelé «GenZ 212» – dont les fondateurs sont inconnus –, avaient déjà été marqués samedi par des dizaines d’interpellations.
Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), a fait état dimanche de «plus de 100 interpellations à Rabat et de dizaines d’autres à Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt».
Selon Sikouk, les «plus de 70» jeunes arrêtés la veille à Rabat ont été «tous relâchés» après vérification de leur identité vérifiée. Les autorités, quant à elles, n’ont encore fait aucun commentaire.
Ces interpellations inhabituelles ont été condamnées par l’AMDH, ainsi que par deux formations de l’opposition, le Parti justice et développement (islamiste) et la Fédération de la gauche démocratique.
Le groupe GenZ 212 avait lancé son appel sur la plateforme Discord il y a quelques jours, se présentant comme «un espace de discussion» autour de «questions comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption», clamant «son amour pour la patrie».
Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur qui touche principalement les jeunes et les femmes. Ces protestations interviennent dans un contexte tendu après le décès récent dans un hôpital public d’Agadir de huit femmes enceintes admises pour des césariennes, selon les médias.
Le directeur de l’hôpital et plusieurs responsables locaux ont été limogés, une enquête interne a été diligentée et des investissements annoncés.
Le 14 septembre, des heurts ont opposé des policiers et des manifestants dénonçant des conditions précaires dans cet établissement (manque d’équipements et de médicaments), selon des vidéos sur les réseaux sociaux.
Une semaine plus tard, deux sit-ins à Tiznit, au sud d’Agadir, et à Essaouira ont été interdits et une douzaine de personnes, dont des membres de l’AMDH ont été interpellés puis relâchés.
Tout en rappelant son respect de la Constitution marocaine et des conventions internationales protégeant le droit de manifester et la liberté d’expression, le collectif «GenZ212» a affirmé dans un communiqué publié dimanche que ces arrestations ne feront qu’accroître la détermination de la jeunesse à poursuivre son engagement.
Le mouvement a également souligné l’unité des jeunes à travers tout le pays autour des revendications sociales, appelant les citoyens à la solidarité et à la participation lors des prochaines mobilisations. «Ce n’est qu’un début, le mouvement ira en s’amplifiant», prévient le communiqué.
I .B. (avec AFP).
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