Avec un nouveau monde multipolaire qui pointe à l’horizon, l’opinion publique et les régimes arabes devraient tirer les enseignements des échecs du passé et adopter une approche plus rationnelle pour la solution du conflit israélo-palestinien avec le minimum de déstabilisation pour les peuples de la région et surtout pour les Palestiniens martyrisés.
Par Elyes Kasri *
Au lieu de s’égosiller et de se lamenter sur les massacres commis par Israël et de s’épuiser en vaines vitupérations et gesticulations, les gouvernements, politiciens et juristes arabes devraient saisir la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour poursuivre l’Etat et les responsables civils et militaires israéliens pour crimes de guerre contre la population palestinienne sous occupation militaire conformément à la quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.
Les Arabes en retard d’une guerre
Un bon stratège sait choisir le champ de bataille et atteindre l’ennemi là ou ça fait le plus de mal.
Obtenir des jugements pour crimes de guerre et contre l’humanité contre des responsables israéliens porterait un coup douloureux à Israël et à ses soutiens étrangers en leur faisant assumer la responsabilité de la commission et du soutien moral et matériel à des crimes de guerre et même contre l’humanité à l’encontre des civils palestiniens.
Les organisations de la société civile, les partis politiques et les parlements arabes devraient plutôt mobiliser leurs contacts à l’étranger pour faire porter les atrocités commises par Israël à la CPI pour avertir les responsables politiques et militaires israéliens qu’ils seront jugés et condamnés pour leurs crimes contre le peuple palestinien à Gaza et ailleurs en Palestine.
Pat ailleurs, historiquement, l’opinion publique arabe n’a pas cessé d’osciller entre des épisodes d’exubérance jusqu’au-boutiste et des crises d’abattement et de défaitisme ce qui a fait dire à Golda Meir, Premier ministre d’Israël et de nombreux responsables israéliens, que les Arabes sont toujours en retard d’une guerre.
Feu Habib Bourguiba a su rompre ce cycle infernal avec son discours de Jéricho de 1965 et les conseils prodigués à la direction palestinienne d’accepter la légalité internationale et d’adopter une politique de négociation progressive.
Tirer les leçons des échecs passés
Malheureusement, l’opinion publique et les régimes arabes n’étaient pas suffisamment mûrs pour admettre les mérites d’un combat fondé sur la légalité internationale et la politique des étapes.
L’expérience a montré qu’appeler à «la libération de toute la Palestine», en rejetant implicitement le plan de partage onusien de 1947 et les différentes initiatives de paix internationales et arabes fondées sur cette base juridique qui constitue la légalité internationale a été le meilleur moyen de renforcer Israël qui voit sa survie en jeu, en resserrant les rangs à l’intérieur et en lui assurant le soutien inconditionnel de l’Occident tout en exacerbant les élans racistes et meurtriers des colons et le courant de pensée raciste et colonialiste qui les anime.
Avec un nouveau monde multipolaire qui pointe à l’horizon, il reste à espérer que l’opinion publique et les régimes arabes tireront les enseignements des échecs et des défaites du passé et seront en mesure d’adopter une approche plus rationnelle pour la solution de ce conflit avec le minimum de déstabilisation et de destruction pour les peuples de la région et surtout pour le peuple palestinien martyrisé par les incessantes interférences des pays frères qui n’ont pas cessé d’instrumentaliser la cause palestinienne et le martyre de ses citoyens pour en faire un gage de légitimité intérieure et une carte de positionnement international.
* Ancien ambassadeur.
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