Le taux de participation total au second tour des élections locales a atteint 12,44% à la fermeture des bureaux de vote dimanche à 18h00. Doit-on se féliciter de la légère amélioration du taux par rapport à celui enregistré lors du premier tour (11,84%) ou nous interroger sérieusement sur la représentativité politique de ces instances censées être représentatives… du peuple. Mais quel peuple ?
Le président de l’Instance supérieure électorale indépendante (Isie), Farouk Bouasker, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse tenue à la salle des médias du Palais des Sports à El Menzah, hier soir, dimanche 4 février 2024, a indiqué que le nombre total d’électeurs ayant voté était de 520 303 citoyens sur 4 181 871 électeurs inscrits pour le second tour des élections, c’est-à-dire que 3 661 568 électeurs inscrits sur les listes électorales ont boudé les urnes pour une raison ou une autre.
Bouasker, qui n’a pas d’avis politique sur cette forte abstension, a ajouté que le taux de participation le plus élevé a été observé dans le gouvernorat de Sidi Bouzid (26%), suivi de Zaghouan (22,2%), de Kasserine (21,8%) et de Mahdia (20,5%): la moitié pleine du verre en somme. C’est à peine s’il ne s’est pas félicité des résultats enregistrés, évitant clairement de s’interroger sur la signification des faibles taux de participation des électeurs au cours des quatre derniers scrutins : premier et second tours des législatives de 2023, premier et second tours des élections locales en 2024. Une tendance lourde et qui est censée interpeller notre intelligence politique, et non l’endormir.
La commission électorale n’est aucunement responsable de cette situation de fatigue démocratique, dont la responsabilité incombe à tous les acteurs de la scène nationale, les dirigeants politiques en tête, qui n’ont pas su convaincre les citoyens de l’intérêt qu’ils ont à participer activement à la vie publique.
Le fait que près de 90% des électeurs continuent de bouder les urnes ne saurait être négligé en affirmant que les absents ont toujours tort ou en renvoyant la responsabilité de cette désaffection vis-à-vis de la démocratie en général et des élections en particulier à la fameuse «décennie noire», laquelle a bon dos, mais pour combien de temps encore va-t-on faire avaler celle pilule à une opinion publique qui, pour le moment, laisse faire, tout en tenant la comptabilité des errements, des échecs et des incompétences ?
I. B.
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