Il y a 11 ans jour pour jour, Chokri Belaïd avocat, dirigeant de gauche, défenseur des droits de l’Homme et fervent opposant à l’obscurantisme a été lâchement assassiné par des extrémistes religieux. Les commanditaires de cet assassinat politique n’ont toujours pas été inquiétés et les avocats attendent, après le procès de ce jour, un verdict exemplaire.
Le bâtonnier Hatem Mziou estime pour sa part que l’affaire des assassinats politiques est face à un tournant historique et dit s’attendre enfin à un jugement après 11 ans de bataille judiciaire pour faire éclater la vérité : «Il faut sanctionner toute personne impliquée : ceux qui ont aidé, financé, incité et ceux qui ont tenté de dissimuler les preuves.… Le peuple tunisien a le droit de connaître la vérité dans cette affaire», a-t-il lancé, dans une déclaration aux médias, en rappelant que l’Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) s’est constitué partie civile dans cette affaire.
Le Parti Watad, dont Chokri Belaïd était le secrétaire général, a exprimé son attachement à poursuivre son combat pour que la lumière soit faite sur les circonstances de cet assassinat et pour que toute personne impliquée soit jugée, tout en réitérant ses accusations envers le parti islamiste Ennahdha estimant que celui-ci «est derrière cet assassinat, entre autre crimes terroristes perpétrés durant la décennie destructrice», lit-on dans un communiqué publié ce mardi .
On sait aussi que le Comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd (6 février 2013) et Mohamed Brahmi (25 juillet 2013) a toujours pointé du doigt la responsabilité et le lien du parti islamiste et ses dirigeants dans cette affaire, estimant qu’ils sont derrière ces crimes politiques perpétrés il y a 11 ans.
Depuis 2013, le Comité a porté plusieurs plaintes à ce propos, et a également accusé des juges de complicité dans les dossiers, notamment en ayant dissimulé des preuves afin de brouiller les pistes et de protéger certaines parties et en ayant également provoqué la lenteur de la justice à révéler la vérité et à poursuivre les commanditaires de ces crimes politiques.
Si l’assassinat de Chokri Belaïd a fait couler autant d’encre que de larmes depuis 11 ans, la justice n’a, à ce jour, prononcé aucune peine contre les commanditaires ni dévoilé les dessous de cette affaire et les Tunisiens attendent un verdict historique après l’audience de jour, d’autant que des nouvelles révélations ont été dévoilées par les accusés apportant, selon le Comité de défense, des éléments clés dans cette affaire.
Le Comité a par ailleurs annoncé une conférence de presse, demain à partir de 10h30 à la Maison de L’avocat à Tunis, afin d’annoncer de nouveaux éléments et les nouvelles révélations sur l’assassinat politique de Chokri Belaïd.
Y. N.
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