Tunisie : Haro sur les perturbateurs !

Il y aurait en Tunisie des personnes ou des groupes qui tenteraient «d’envenimer la situation sociale, en plus des lobbies qui participent en coulisses au processus électoral ces derniers jours», et qui voudraient perturber la marche de l’opération électorale à l’approche des présidentielles du 6 octobre prochain.

Imed Bahri

On a d’autant plus de raison de s’inquiéter d’une telle révélation que c’est le président de la république, Kaïs Saïed, qui l’a faite, sans donner plus de précision sur ces empêcheurs de tourner en rond, lors de son entretien, mercredi 10 juillet, au Palais de Carthage, avec le ministre de l’Intérieur Khaled Nouri et le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, chargé de la Sécurité nationale, Sofiene Bessadok. Le chef de l’Etat a, à cette occasion, insisté sur la nécessité de redoubler d’effort pour faire respecter la loi notamment en cette période délicate.  

Concernant l’opération électorale, on ne peut vraiment pas dire qu’elle a commencé, ni qu’elle suscite un grand engouement parmi les Tunisiens, et on peut même prédire, eu égard les conditions très spéciales dans lesquelles elle va se dérouler, sauf grosse surprise de dernière minute, qu’elle enregistrera une aussi forte abstention que celles déjà enregistrées lors des derniers scrutins en date, législatif et local. La «fatigue démocratique» semble en effet avoir eu raison de la bonne volonté d’un grand nombre de Tunisiens qui n’y croient plus vraiment et se réfugient dans l’indifférence, la dérision ou l’abattement.  

Aussi serions-nous curieux de connaître l’identité des personnes ou des groupes qui chercheraient à perturber une opération électorale qui semble réglée comme du papier à musique et que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) saura mener à bon port avec l’astucieuse technicité qu’on lui connaît, d’autant que la plupart des perturbateurs potentiels ont déjà été mis hors circuit, ou se sont exclus eux-mêmes, d’une manière ou d’une autre.

Sur un autre plan, et selon le communiqué de la présidence publié à l’issue de la réunion, le chef de l’Etat a également appelé à renforcer la sécurité dans les villes de Jebeniana et El-Amra, soulignant que les migrants en situation irrégulière doivent être traités dans le respect des valeurs humaines, sans permettre que la paix des citoyens ne soit menacée.

Le problème, c’est que dans ces deux villes du gouvernorat de Sfax, où sont désormais confinés les migrants illégaux en attente de partir en Europe, la vie aussi bien des «autochtones» que des «visiteurs» est devenue infernale, que les agents de l’ordre sont parfois dépassés par l’ampleur des violences opposant les uns aux autres, et qu’il n’est pas toujours facile de ménager la chèvre et le chou. Quant à respecter les «valeurs humaines», comme l’exige le président de la république, on souhaitera bon courage à tout le monde !