Jendouba, au nord-ouest de la Tunisie, ne manque pas de potentiel culturel grâce à ses sites archéologiques exceptionnels comme Bulla Regia et Chemtou, et son riche patrimoine immatériel. Pourtant, les festivals de la région peinent à prospérer en raison de multiples défis financiers et structurels. (Illustration: de gauche à droite et de haut en bas :Tabarka, Bulla Regia, Chemtou et Ain Draham.
Riadh Bouslimi *
Les festivals locaux souffrent d’un manque chronique de financement. Les fonds publics sont insuffisants et l’accès au financement non-gouvernemental est limité. Cette précarité financière conduit à des événements de courte durée et des programmations souvent inadéquates et une communication insuffisante et inefficace.
Les infrastructures pouvant accueillir de grands spectacles font défaut. Le théâtre romain de Bulla Regia n’est pas en état d’accueillir des spectacles de grande envergure ni de nombreux spectateurs. L’absence d’installations modernes et adaptées limite la capacité d’attraction du public.
Parmi les festivals d’été les plus connus de la région, celui de Tabarka, longtemps associé au jazz, qui célèbre cette année son 60e anniversaire, et celui de Bulla Regia, qui est à sa 48e édition, sont assez emblématiques, mais malgré leur longévité, ils continuent de faire face aux mêmes contraintes chaque année et ne parviennent pas à rayonner comme le souhaitent les organisateurs.
Des initiatives pour aider à faire bouger les choses existent pourtant. Ainsi, le 15 décembre 2022, un séminaire organisé par le commissariat régional des affaires culturelles a ébauché des solutions potentielles. Les experts ont appelé à opter pour des directeurs expérimentés et à former les équipes compétentes capables d’assurer une gestion rigoureuse en termes de financement, de programmation, de communication, etc.
Ils ont également souligné l’importance d’agrandir le théâtre romain de Bulla Regia, de créer un théâtre de plein air à Jendouba, de renforcer les capacités des acteurs associatifs locaux en matière de management culturel, de levée de fonds et de communication. Le lancement de partenariats avec des organisations nationales et internationales pourrait apporter des ressources financières et une expertise précieuse.
Par ailleurs, l’implication active des communautés locales contribuerait à la dynamisation des festivals, en garantissant, notamment, une programmation plus en phase avec les attentes du public, intégrant des éléments du patrimoine local aux tendances actuelles, de manière à attirer un public plus large et diversifié.
En surmontant les obstacles liés au financement, à la gestion et aux infrastructures, et en mettant en place une programmation attractive et une communication efficace, il est possible de transformer les festivals d’été à Jendouba en vecteurs de développement culturel et touristique pour une région qui ne manque pas d’attractions de toutes sortes jusque-là très mal exploitées. Jendouba dispose en effet de trésors culturels cachés et qui ne demandent que de briller sur la scène nationale et internationale.
* Activiste culturel à Jendouba.