Le coup de poker de Macron a conduit la France à une impasse. Les nouvelles forces en présence, élues par le suffrage universel, ne peuvent gouverner seules la France. Pour le moment, aucune alliance ne se dessine à l’horizon. Les électeurs sont bien marris.
Samir Gharbi
Le président Emmanuel Macron, brillamment élu en 2017, a au bout de ses cinq premières années perdu sa majorité absolue : son alliance électorale est passée de 361 députés en 2017 (sur un total de 577) à 250 aux élections législatives de 2022 et à 166 aux élections anticipées de juillet 2024.
Il a pu gouverner de 2022 à juin 2024 en activant la procédure constitutionnelle dite du 49-3, article permettant de passer outre le vote de l’Assemblée nationale.
Le cuisant échec de Macron
Subitement, il en avait marre de cette procédure certes légale mais expéditive en matière démocratique. Il a décidé, contre toute attente, de dissoudre l’Assemblée et de passer la main aux électeurs. Il savait qu’il était impopulaire, mais pas autant !
Les résultats des élections anticipées lui ont infligé un échec cuisant : son alliance électorale est tombée à 166 députés, chiffre approximatif en attendant la formation des nouveaux groupes parlementaires le 18 juillet.
Les nouvelles forces en présence, élues par le suffrage universel, ne peuvent gouverner seules la France. Pour le moment, aucune alliance ne se dessine à l’horizon. Les électeurs sont bien marris.
La victoire inattendue de la gauche plurielle (193 députés) ne lui permet cependant pas de gouverner dans la durée face à l’hostilité déclarée des trois autres forces : l’alliance présidentielle (qui s’est droitisée), l’alliance de l’extrême droite (en hausse de 9 députés en 2017, à 90 en 2022 et 143 en 2024) et l’alliance de la droite classique (les Républicains non lepénistes) qui s’est effilochée (de 135 députés en 2017 à 66 en 2024).
Alliance de la gauche plurielle
Le coup de poker de Macron a conduit à une impasse : il a perdu la main car il s’est enferré dans son cercle de droite. Une nouvelle dissolution ne peut se faire qu’en juin 2025 et son 2e mandat présidentiel arrivera à son terme en avril 2027.
Il se refuse à reconnaitre la victoire relative de la gauche plurielle, arrivée en tête de toutes les alliances politiques. Il la considère comme extrémiste, autant que la droite lepéniste.
Que peut-il faire? Rien, sans une reconnaissance sage et dépassionnée des résultats !
Les débats médiatiques en France tournent en boucle sur ce sujet insoluble en apparence, alors qu’une solution est possible si les uns et les autres acceptent de renoncer à leur égo respectif, en prenant une décision déchirante : inventer une large alliance de gouvernement inclusive de la gauche plurielle, y compris les écologistes et y compris La France Insoumise, laquelle est, rappelons-le, à l’origine du sursaut de la gauche classique (socialiste et communiste) devenue moribonde en 2017…