Tunisie : budget de l’Etat de 2025 entre l’espéré et le possible

«Relancer la croissance économique en misant sur les secteurs à haute valeur ajoutée, en améliorant la gestion des risques liés aux changements climatiques et leur impact sur certains secteurs comme l’agriculture et en boostant l’investissement particulièrement dans les secteurs de l’énergie propre, l’économie verte, bleue et circulaire».

Tels sont les objectifs de la loi de finances et du budget de l’Etat de 2025, selon «Le rapport des hypothèses et des grandes orientations de budget de l’Etat de l’année 2025», publié sur le site du ministère des Finances.

On est donc là au niveau des intentions et des annonces, qui sont généralement généreuses et optimistes, il reste à savoir comment celles-ci vont-elles pouvoir être mise en œuvre en tenant compte de la situation économique et financière réelle du pays qui, elle, on le sait, est pour le moins frustrante.

Wishful thinking

N’oublions pas, dans ce contexte, que la croissance économique a été de 0,4% en 2023 et de 0,2% au cours des six premiers mois de 2024 – difficile de faire pire –, et l’absence de véritable relance économique depuis 2011 ne laisse pas une grande marge de manœuvre au gouvernement.

Comment donc financer tous les généreux objectifs mis en avant par nos chers technocrates? Il va falloir faire preuve d’imagination, de créativité et d’initiative pour espérer trouver les fonds nécessaires à la concrétisation de tant de wishful thinking.    

Alors contentons-nous, pour l’instant des bonnes annonces, tout en espérant avoir peut-être les moyens de transformer les belles paroles en actes concrets. Mais ce sera une autre paire de manche, qui exige non pas des inchallah mais des moyens.

Selon donc le gouvernement, la loi de finances et le budget de l’Etat 2025 visent à lutter contre l’exclusion financière et soutenir l’inclusion sociale et économique ainsi qu’à moderniser le régime de change de manière à répondre aux exigences du climat des affaires et à développer ainsi les investissements étrangers.

Il s’agit, aussi, d’améliorer la gouvernance des entreprises publiques et leur gestion financière et de maîtriser, progressivement, les équilibres budgétaires, réduire le recours à l’endettement extérieur et continuer de s’inscrire dans la politique du «compter sur soi», comme pilier fondamental de la durabilité des finances publiques.

Les autres objectifs, tels qu’énumérés par l’agence officielle Tap, portent sur la poursuite de la réforme fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale, l’intégration de l’économie informelle et le renforcement de la justice fiscale, objectifs poursuivis depuis une belle éternité en Tunisie et dans la réalisation desquels notre pays ne semble pas avoir beaucoup avancé.   

«Soutenir les investissements publics afin de développer l’infrastructure et l’efficacité des services publics en vue d’améliorer le climat des affaires et la compétitivité de l’économie nationale, poursuivre la réforme du secteur de la fonction publique et assurer l’équilibre entre les volets économique et social, et ce, en luttant contre la pauvreté et en garantissant la sécurité sociale à toutes les catégories», sont autant d’objectifs mentionnées dans le rapport du ministère des Finances.

Enfin, la finalité est d’adopter une politique sociale basée sur la consécration de l’égalité des chances et de la justice sociale, à travers, une série de mesures visant à soutenir les catégories à revenu limité ainsi que les classes moyennes et améliorer le pouvoir d’achat des citoyens.

I. B. (avec Tap).

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