Ridha Belhadj, membre du Front du salut national (FSN), n’a pas apprécié les propos de Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à propos dudit front et le fait savoir dans le commentaire que nous traduisons ci-dessous, posté hier, dimanche 12 juin 2022, sur sa page Facebook.
Sami Tahri avait déclaré hier que «le Front du salut national ne peut pas sauver la Tunisie. Il va plutôt approfondir sa crise, la pousser à l’affrontement et à la division, et œuvrer pour la création d’un État parallèle, et cela nous ne l’accepterons pas». Il voulait sans doute faire comprendre que l’UGTT, tout en ayant des divergences avec le président de la république Kaïs Saïed, n’accepte pas d’être assimilée aux forces politiques qui sont dans la même position vis-à-vis du palais de Carthage, et notamment du FSN qui comprend parmi ses composantes des partis considérés comme infréquentables par la centrale syndicale, notamment Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama.
«Sami Tahri ne manque pas une occasion d’attaquer le Front du salut et avant lui, le mouvement Citoyens contre le putsch, et en général tous ceux qui se sont opposés au coup d’Etat du 25 juillet (2021, proclamation des mesures exceptionnelles par le président Kaïs Saïed, Ndlr). En quoi le Front du salut divise-t-il les Tunisiens ? Sami Tahri n’apprécie pas le fait que le Front du salut et son chef soient devenus une donnée importante de l’équation politique. Qu’il le veuille ou non, Ahmed Néjib Chebbi a toujours défendu l’unité des Tunisiens, la démocratie et l’indépendance de l’UGTT, peut-être même avant la naissance de Sami Tahri», écrit Ridha Belhadj, et enchaîne : «Concernant la responsabilité dans la crise actuelle dans le pays, chaque partie y assume sa part et celle de Sami Tahri est peut-être plus importante que celle de certaines composantes du Front du salut, et le moment n’est pas adéquat pour donner plus de précisions ici.»
A travers Sami Tahri, Ridha Belhadj, qui était directeur de cabinet de l’ancien président de la république; feu Béji Caïd Essebsi, pointe clairement l’organisation syndicale comme ayant une bonne part de responsabilité dans la dégradation de la situation générale en Tunisie au cours des dix dernières années. Mais, bien entendu, comme la plupart des acteurs politiques en Tunisie, il est lâche et n’ose pas le dire clairement.
«Sami Tahri et ceux qui sont derrière lui et qui ont soutenu dès le premier instant le coup d’État ont essayé par tous les moyens de travailler sous son toit, mais Kaïs Saïed les a rejetés, et malgré cela, ils courent toujours après lui en présentant les preuves de leur allégeance à sa personne et de leur hostilité à ses adversaires, notamment le Front du salut», écrit Ridha Belhadj. Et d’ajouter, toujours en pointant l’UGTT: «Bien qu’il prétende être un syndicaliste, je ne pense pas que Sami Tahri connaît l’histoire de la centrale syndicale, une organisation qui, lorsqu’elle est attaquée, mène ses combats en étant entourée d’une large ceinture politique, les syndicalistes abandonnant leurs considérations idéologiques et affiliations partisanes.»
En filigrane et à demi-mot, Ridha Belhadj reproche à l’UGTT de s’isoler du reste de la scène politique, alors qu’elle avait toujours gardé, au cours de son histoire, des passerelles avec les forces de l’opposition, qui l’ont soutenue à chaque fois qu’elle a été attaquée par le pouvoir.
Imed Bahri
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