Kaïs Saïed s’impatiente : le changement promis se fait lent  

Le président Saïed veut accélérer la mise en œuvre des changements qu’il avait promis aux Tunisiens en accédant à la magistrature suprême en 2019, conscient sans doute que ces changement tardent à se réaliser et que son premier mandat, qui s’est achevé en 2024, n’a pas abouti à des améliorations notables ressentis par les citoyens.

Imed Bahri

«Le temps presse. Et il est de notre devoir de passer à l’action et d’œuvrer scrupuleusement à concrétiser au plus vite les revendications et les aspirations des Tunisiens», a martelé le président de la république Kaïs Saïed en recevant, jeudi 17 octobre 2024, au Palais de Carthage, le chef du gouvernement, Kamel Maddouri.

«Il importe de rappeler avec force que le peuple Tunisien exige que les délais soient écourtés, car la Tunisie mène une course effrénée contre le temps», a insisté le président, conscient sans doute que les changements qu’il avait promis aux Tunisiens en accédant à la magistrature suprême en 2019 tardent à se réaliser et que son premier mandat, qui s’est achevé en 2024, n’a pas abouti à des améliorations notables ressentis par les citoyens.

Dans ce contexte, le président Saïed a mis l’accent sur l’impératif d’écourter les délais impartis à la réalisation de nombre de projets bloqués ou sciemment entravés malgré le déblocage des fonds nécessaires à cet effet, sans désigner nommément ces parties qui sabotent le travail de l’Etat et bloquent, selon lui, la réalisation de nombre de ces projets qui n’ont pas été mis en œuvre «pour une raison ou une autre, alors que la collectivité nationale assume un lourd fardeau en raison des taux exorbitants des prêts contractés par le pays», a encore indiqué le président, visiblement conscient des dangers que constitue le surendettement extérieur qui réduit la marge de manœuvre du pays et porte atteinte à sa souveraineté.

Passant en revue ces mégaprojets qu’il a souvent évoqués depuis 2019 et qui n’ont pas avancé d’un iota, notamment «la mise en place d’un réseau ferroviaire expresse reliant le Nord au Sud du pays ou encore l’acquisition d’une nouvelle flotte de bus dans les plus brefs délais afin d’alléger le calvaire logistique enduré par les citoyens», selon ses termes, le président de la république croit pouvoir régler ce problème par l’élaboration de nouvelles législations qui, selon ses termes, «font table rase des lois devenues obsolètes et caduques», feignant d’oublier les grandes difficultés financières du pays qui l’empêchent d’investir dans les infrastructures très couteuses.

L’instauration d’«un nouvel ordre juridique en symbiose avec la Constitution [de 2022 qu’il avait promulgué lui-même] et le processus révolutionnaire [déclenché le 17 décembre 2010] serait-elle la baguette magique avec laquelle M. Saïed espère aplanir toutes ces difficultés et relancer une économie pratiquement à l’arrêt ? Ses déclarations redondantes à ce propos le laissent penser.   

L’entrevue avec M. Maddouri a d’ailleurs porté sur un projet de «texte» (encore un ?) conférant le statut de collectivité locale aux conseils locaux et régionaux issus des conseils des districts, dont le Conseil national des régions et des districts. «Un texte qui s’aligne sur la lettre et l’esprit de la Constitution de 2022», précise encore le communiqué, dans le pure style de Saïed qui, déformation professionnelle oblige, a tendance à réduire la gouvernance d’un pays à sa dimension législative et juridique.

«C’est dans cet esprit, a expliqué Saïed, que le Conseil national des régions et des districts a été mis sur pied pour épauler l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dans l’exercice de sa mission d’exprimer pleinement la volonté du peuple et de concrétiser les revendications légitimes des citoyens

(Avec Tap).

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