La Tunisie a enregistré des signes d’amélioration économique, mais le taux de croissance reste faible et des réformes structurelles sont nécessaires, a déclaré Jihed Azour, soulignant l’absence de négociations entre le FMI et la Tunisie sur de nouveaux financements. Cependant, le président Saïed, qui n’est pas pressé de voir ces négociations reprendre, estime que la Tunisie peut se relancer en comptant sur ses propres moyens. (Illustration: Jihad Azour reçu par le président Saïed en juin 2022).
Imed Bahri
Dans une déclaration à l’agence de presse Tap en marge des réunions annuelles 2024 du FMI et de la Banque mondiale (BM), le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que la situation économique de la Tunisie a montré quelques signes d’amélioration, notamment dans le commerce extérieur et l’agriculture, mais la croissance reste faible, à 1,6% en 2024 et 2025, selon les prévisions du FMI publiées dans son rapport sur les Perspectives de l’ économie mondiale.
Il s’agit du niveau le plus faible parmi tous les pays d’Afrique du Nord : l’Egypte 4,1%, la Mauritanie 4,2%, le Maroc 3,6% et l’Algérie 3% en 2025.
Impulser les investissements et créer des emplois
L’économie tunisienne est actuellement confrontée à des défis majeurs liés à la nécessité de créer des emplois et de développer le volume des investissements. Selon Azour, le gouvernement tunisien a pu adopter certaines mesures en termes de dépenses publiques, mais l’économie nationale doit bénéficier d’autres réformes structurelles qui contribuent à augmenter le niveau des investissements et à la création d’emplois, car le FMI s’attend à ce que le taux de chômage atteindra un niveau élevé de 16,4% en 2024.
« Je pense qu’il est nécessaire d’introduire des réformes pour augmenter le niveau de croissance, réduire le fardeau des banques publiques et élargir le cercle du financement», a déclaré Azour.
«Le FMI ne dispose d’aucune information sur l’existence de nouvelles négociations avec le gouvernement tunisien sur l’accès au financement et le précédent programme de financement pour lequel la Tunisie avait reçu l’approbation préliminaire n’a pas été finalisé», a-t-il rappelé.
En octobre 2022, les services du FMI et les autorités tunisiennes étaient parvenus à un accord pour soutenir les politiques économiques de la Tunisie avec un accord de 48 mois au titre du mécanisme élargi de financement d’environ 1,9 milliard de dollars, mais les négociations ont été bloquées fin 2022.
En juin 2023, le président Kaïs Saïed a déclaré que, dans toute négociation avec le FMI, les solutions ne doivent pas être présentées sous forme de diktats, ajoutant que les solutions conventionnelles ne feraient qu’aggraver la crise sociale et avoir un impact négatif sur la situation en Tunisie et dans la région dans son ensemble.
La Tunisie doit compter sur ses propres moyens
«Le Fonds doit revoir ses propositions pour trouver une solution», a soutenu Saïed, alors que le FMI affirme qu’il revient à la Tunisie de présenter un nouveau programme qui soit crédible et éligible à un financement.
Le président de la république rechigne à mettre en œuvre les réformes économiques douloureuses, comme la réduction des subventions, la baisse de la masse salariale dans le secteur public ou encore la privatisation totale ou partielle de certaines entreprises publiques en difficulté, estimant que ces réformes sont susceptibles de provoquer des tensions sociales dans le pays, Il estime également que la Tunisie peut compter sur ses propres moyens, car elle regorge de richesses encore mal exploitées et qu’il suffit de lutter contre la corruption qui gangrène l’économie nationale pour que ces richesses profitent à tous les Tunisiens.
Cependant, et en attendant de cueillir les fruits promis de la lutte contre la corruption, la machine économique nationale reste bloquée et la croissance est on ne peut plus atone (0,4% en 2023, 1,6 en 2024), sans que des signes de relance ne pointent à l’horizon.
Avec Tap.
Donnez votre avis