Ce mardi 4 mars 2024, un maxi procès d’opposants politiques accusés de complot contre la sûreté de l’Etat s’est ouvert devant le tribunal de première instance de Tunis. Des familles des accusés ont manifesté devant le Palais de Justice pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «procès politique et d’opinion»
Une quarantaine d’accusés, des dirigeants de partis, des avocats, des personnalités médiatiques, pour la plupart des opposants au président Kais Saïed parmi les plus connus et les plus virulents, sont en majorité absents de la salle d’audience. Ils risquent de très lourdes peines, y compris la perpétuité et la peine capitale, étant donné la gravité des accusations auxquelles ils font face.
Les familles des accusés, leurs avocats et des opposants parlent d’un «dossier vide» et d’un «règlement de compte politique».
Les accusés sont soupçonnés d’avoir eu des contacts avec des représentants de pays étrangers, notamment avec des diplomates.
Selon la défense, ils sont accusés de «conspiration contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État» et d’«appartenance à un groupe terroriste». Des accusations passibles de lourdes peines de prison, voire de la peine de mort. Beaucoup d’entre eux ont été arrêtés lors d’un raid dans les rangs de l’opposition en 2023. À l’époque, le président Saïed avait qualifié les personnes arrêtées de «terroristes». «Ceux qui les innocentent sont leurs complices», a-t-il déclaré aussi, ce que les avocats ont considéré comme une ingérence du pouvoir exécutif dans les affaires de la justice.
Parmi les grands noms impliqués dans le procès figurent Issam Chebbi, chef du parti Al-Joumhouri, le professeur de droit constitutionnel Jawher Ben Mbarek, membre du Front de salut national, et un ancien haut responsable du parti islamiste Ennahdha, Abdelhamid Jelassi. Parmi eux également les activistes politiques Khayam Turki, Ridha Belhadj et Chaïma Issa, l’entrepreneur Kamel Eltaïef et l’ancienne députée et militante Bochra Belhaj Hmida (aujourd’hui réfugiée en France), ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates.
Sur la quarantaine de personnes poursuivies, beaucoup sont en prison, certaines sont libres et d’autres sont en fuite à l’étranger. D’autres opposants et personnalités politiques ont récemment été condamnés à de lourdes peines de prison. Début février, Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha et ancien président du Parlement, a été condamné à 22 ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l’État».
I. B.
Donnez votre avis