A chacune de ses sorties publiques, le président Kais Saïed se répète beaucoup mais si certaines de ses déclarations, redondantes et répétitives à souhait, en lassent certains, elles n’en traduisent pas moins chez lui une obstination à vouloir voir les politiques qu’il préconise mises en œuvre par un gouvernement ou une administration publique pas suffisamment réactifs à son goût.
D’où ce sentiment partagé par les Tunisiens que les choses ne vont pas au rythme souhaité par le chef de l’exécutif. D’où aussi les rumeurs d’un énième remaniement ministériel pour tenter de faire bouger les lignes, le mécontentement exigeant des décisions !
Quoi qu’il en soit, la situation en Tunisie est vraiment paradoxale, puisque la frustration s’exprime aussi bien au sein du pouvoir exécutif que de la population sans que l’on sache exactement à quelle partie imputer la responsabilité de l’immobilisme ambiant.
En s’entretenant, mercredi 24 septembre 2025, au palais de Carthage, avec la Première ministre, Sarra Zaâfrani Zenzeri, et la ministre des Finances, Michkat Slama Khaldi, le chef de l’État a réitéré son appel à ce que le projet de loi de finances 2026 reflète le rôle social de l’État et incarne, à travers ses priorités clés, l’objectif tant recherché de justice sociale. Et tout en soulignant l’urgence d’adopter une réflexion innovante fondée sur de nouveaux concepts et de nouvelles approches ; Saïed a défini les priorités de l’Etat pour la période à venir, qui doit se concentrer, selon lui, sur deux objectifs principaux : répondre aux aspirations des jeunes chômeurs, longtemps marginalisés et exclus, et rationaliser les dépenses publiques en réduisant les fonds alloués aux institutions improductives ou inutiles.
Le président n’a pas cru devoir désigner les institutions en question, mais depuis le temps qu’il en parle, on ne sait pas si la Kasbah en a déjà établi une liste en vue de les supprimer ou de les intégrer dans d’autres. Sinon, qu’attend-on encore pour le faire ?
Parmi ces institutions improductives et inutiles, le président a cité une nouvelle fois la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf), qui relève de la Banque centrale de Tunisie, regrettant qu’elle n’ait pas rempli son rôle comme prévu, qui consiste, rappelons-le, à traquer les mouvements financiers douteux entrants dans le pays.
Saïed a également abordé les questions de l’évasion fiscale et des réseaux de corruption, réaffirmant la détermination de l’Etat à poursuivre les réformes dans ce domaine. L’histoire, a-t-il souligné, a montré, contrairement à ce que certains prétendent, que le compter-sur-soi est une politique efficace et que les ressources du pays sont loin d’être limitées.
Reconnaissant le lourd héritage de décennies de gaspillage et de mauvaise gestion, Saïed s’est engagé à poursuivre son travail acharné pour créer des opportunités pour les jeunes, instaurer la justice et restaurer une croissance véritable, laquelle continue de piétiner autour de 1,5 et 2,5% depuis 2011. Les Tunisiens n’accepteront plus les «demi-mesures» et les «solutions de façade», a lancé le président, oui, mais où sont les vraies mesures et les vraies solutions qu’on leur promet depuis belle lurette ?
I. B.
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