Laissons les écoles à l’abri de l’embrigadement islamiste !

La prière célébrée ces derniers jours par un groupe de lycéens dans un établissement scolaire public n’est pas un acte anodin et innocent. Il est autant malencontreux que cynique. Il n’est pas, en tout cas, dépourvu d’arrière-pensées politiques, puisqu’il se sert de l’islam à des fins politiciennes, en renouant avec des pratiques qui n’ont aucun rapport avec les valeurs nobles de la religion islamique.

Raouf Chatty *

Cet acte délibéré semble faire partie d’un plan concerté à plusieurs composantes, ficelé par des activistes islamistes. Il vise à mettre à profit les difficultés dans lesquelles se débat toujours le pays pour permettre à ces derniers de redevenir visibles, présents et actifs sur la scène publique dans l’espoir jamais abandonné de revenir aux commandes du pays après une hibernation qui leur a été imposée par le peuple tunisien et ses nouveaux dirigeants. 

Les islamistes croient-ils toujours pouvoir resusciter leur mouvement politique en profitant de la tolérance et du fair-play des Tunisiens ? Ont-ils oublié leurs méfaits du récent passé lorsqu’ils ont mis la Tunisie à genou, durant la décennie 2011/2021 au cours de laquelle ils avaient pris l’Etat et la société en otages avec le bilan dramatique que l’on sait.

Par cette prière collective ostentatoire à l’école à laquelle vont s’ajouter certainement bientôt d’autres actes de la même veine provocatrice, ils usent et abusent de la religion islamique et tournent ses nobles valeurs en ridicule. C’est là un acte d’un autre âge, qui n’honore pas ses auteurs. Il prend en otage des adolescents dépourvus de capacité de discernement. 

L’embrigadement des jeunes

Cet acte renoue avec des méthodes archaïques d’embrigadement des jeunes qui commencent dans les mosquées, se poursuivent dans les écoles, les familles et les rues et mettent en danger la sécurité de la société.

Incapables de faire leur mea culpa, d’abandonner leurs vieux logiciels et d’évoluer dans sens d’une société libérale, ouverte et démocratique, respectueuse des droits de l’homme et des libertés universelles, les islamistes prouvent qu’ils ne reculent devant rien dans leur volonté de reconquête du pouvoir politique et d’instauration d’un régime théocratique.

Cette mise en scène préméditée et planifiée intervient au début de l’année scolaire et vise à faire des émules dans les établissements d’enseignement à travers toute la République et à réinstaurer une pratique que l’on croyait révolue.

Considérablement affaiblis ces dernières années par la décapitation politique de leurs principaux chefs, les poursuites judiciaires dont ces derniers font l’objet, l’incarcération de leurs principaux leaders, le rejet catégorique de leur mouvement par de larges franges des Tunisiens, qui leur reprochent leur gestion calamiteuse des affaires publiques lorsqu’ils étaient aux affaires, les islamistes cherchent-ils par ce genre d’actes à prouver qu’ils sont toujours présents et influents dans la vie publique et qu’ils entendent reprendre du service sur la scène politique ? 

Dans un pays aux abois et qui a du mal à se positionner sur l’échiquier mondial et à regagner une place au soleil, certains signes doivent susciter l’inquiétude, notamment le retour d’une partie des jeunes aux mosquées croyant y trouver refuge face à un contexte général frustrant et déprimant caractérisé par une pauvreté rampante qui frappe en particulier cette catégorie de la population 

Dans les marges de la société

Les pouvoirs publics ont une grande responsabilité dans ce domaine. Ils doivent agir rapidement pour faire en sorte que les établissements scolaires soient mis à l’abri des surenchères idéologiques et des activités d’embrigadement religieux ou politique d’où qu’elles proviennent. Ils doivent également faire attention à ce qui se trame désormais dans les mosquées qui sont de plus en plus investies par les islamistes de tous bords.

Cet apparent regain de religiosité auquel nous assistons depuis quelques années n‘est pas anodin. Il faut l’appréhender avec beaucoup de sérieux si l’on veut épargner à notre pays certains errements du passé. Les forces libres et progressistes doivent rester vigilantes et arrêter de se bercer d’illusions sur les intentions des groupes islamistes qui, bien que leur mouvement ait été démantelé, continuent de sévir dans les marges de la société. Ils ne ratent aucune occasion pour faire acte de présence et prouver qu’ils sont loin d’avoir abandonné la partie.

* Ancien ambassadeur. 

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!