«Le Canada fait discrètement campagne pour reporter de nouveau le Sommet de la Francophonie, qui doit avoir lieu en novembre en Tunisie, en raison de la situation politique dans ce pays», rapporte le journal canadien La Presse. Ottawa, rappelons-le, était pour beaucoup dans le premier report de ce sommet qui devait avoir lieu en novembre 2021. (Illustration: Kaïs Saïed/Justin Trudeau).
Pour justifier le premier report, on avait évoqué la pandémie et la crise politique provoquée par les changements adoptés, le 25 juillet 2021, qui donnent plus de pouvoirs au président Kaïs Saïed. Mais si, pour le second report souhaité par certaines parties, on ne parle plus de pandémie, la détérioration de la situation politique en Tunisie est agitée comme un argument fort par les partisans d’un second faux pas.
«Le premier ministre Justin Trudeau tente depuis quelques semaines de convaincre des alliés comme la France qu’un nouveau report de ce sommet, qui devait avoir lieu l’automne dernier, s’impose», écrit La Presse, ajoutant que M. Trudeau a évoqué cette possibilité en privé avec le président français Emmanuel Macron lors du dernier Sommet du G7, en juin, en Allemagne.
«Justin Trudeau estime que la situation demeure préoccupante en Tunisie et que cela justifie le report du sommet. Cette question pourrait de nouveau être abordée lors de la visite officielle du président Macron au Canada, prévue au début de septembre», ajoute encore La Presse.
Au cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, on s’est gardé de confirmer les intentions du Canada, se contenant de signaler que la présence du pays serait confirmée «en temps et lieu, comme c’est le cas pour tous les sommets», et qu’Ottawa travaillait avec ses partenaires internationaux à la défense «des démocraties partout dans le monde».
Interrogé sur la position du Canada sur le référendum constitutionnel du 25 juillet, qui a donné encore plus de pouvoirs au président Saïed et verrouillé la vie politique dans le pays, Adrien Blanchard, attaché de presse de Mme Joly, a rappelé que cette dernière a fait part «des préoccupations du Canada» à son homologue tunisien.
En effet, lors de son échange avec le ministre Othman Jerandi, mercredi 27 juillet, Mélanie Joly a évoqué le «respect des principes démocratiques», et exprimé «l’importance de tenir des élections législatives et de rétablir un gouvernement élu et représentatif dans les meilleurs délais».
Il convient de rappeler, à ce propos, que le gouvernement canadien conseille aux voyageurs qui mettent le cap sur la Tunisie de «faire preuve d’une grande prudence» en raison des «tensions politiques, sociales et économiques» ayant entraîné des «troubles civils dans l’ensemble du pays».
La diplomatie tunisienne, qui n’a jamais fait preuve de grande réactivité au cours des dix dernières années, est donc avertie : un nouveau report du Sommet de la Francophonie sera un coup dur pour l’image de notre pays, déjà fortement brouillée.
I. B.
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