Kaïs Saïed saccage les relations historiques entre la Tunisie et le Maroc

En invitant le chef du front Polisario pour prendre part au Ticad 8, qui se tient les 27 et 28 août 2022 à Tunis, et en lui réservant un accueil présidentiel, le président Kaïs Saïed a mis fin à la neutralité historique de la Tunisie sur le très sensible dossier du Sahara occidental, opposant le Maroc et l’Algérie, deux pays frères et voisins de la Tunisie, et provoqué par là même un nouvel incident diplomatique dont notre pays, qui traverse une grave crise et a besoin de l’amitié de tous, se serait bien volontiers passée.  

Par Chedly Mamoghli *

Avec sa Constitution, Kaïs Saïed détricote tous les acquis de la Tunisie moderne. Maintenant, il démantèle et saccage les tendances lourdes de notre politique étrangère. Le président de la république tunisienne est un liquidateur.

Une ancienne amitié sacrifiée

Ce que M. Saïed a fait vendredi 26 août 2022 est inacceptable (invitation et accueil présidentiel du chef du front Polisario). De quel droit se permet-il de mettre fin à la neutralité historique du très sensible dossier du Sahara occidental et ainsi de saccager une tendance lourde de notre politique étrangère? Et en plus, en agissant de la sorte, il fait de la Tunisie un vassal de l’Algérie. Il passe son temps à crier «souveraineté, souveraineté, souveraineté» et il vassalise la Tunisie. L’Algérie est un pays frère et ça doit le rester mais hors de question d’être son vassal. Et le Maroc aussi est pays frère!

La première délégation étrangère reçue par Kaïs Saïed président le soir même de son investiture le 23 octobre 2019 était une délégation marocaine composée des présidents des deux chambres du parlement marocain. Ils ont été dépêché par le Roi pour assister au Bardo au discours d’investiture et sont restés l’attendre toute la journée jusqu’à ce qu’il termine toutes les étapes protocolaires de la journée d’investiture et ne sont rentrés qu’après l’avoir félicité à Carthage.

Le 26 juillet 2021, le lendemain des décisions prises par Saïed (limogeage du chef du gouvernement, gel des travaux de l’Assemblée et proclamation de l’état d’exception, Ndlr), Mohammed VI a dépêché en Tunisie son ministre des Affaires étrangères pour lui témoigner de son soutien.

Durant la crise du Covid de l’été 2021, le souverain marocain a mis en place un pont aérien pour mettre en place un hôpital de campagne sous l’égide de l’armée marocaine, hôpital qui a été installé à la Manouba.

Le Roi du Maroc, tout jeune souverain, a réservé à la Tunisie l’un des ses premiers voyages à l’étranger. Il est revenu en juin 2014 et est resté 10 jours durant lesquels il s’est promené dans les rues de Tunis et de sa banlieue, a rencontré les Tunisiens et s’est comporté courtoisement. Faut-il rappeler également que son père feu Hassan II fut un grand ami de la Tunisie? Hassan II qui avait déclaré en direct sur la télévision française quand les relations tuniso-libyennes connaissaient une crise sans précédent que si Kadhafi attaquait la Tunisie, il enverrait son armée pour se tenir aux côtés de la Tunisie (la vidéo est disponible sur YouTube).

Le Maroc, son Roi, la monarchie marocaine et le peuple marocain sont nos frères au même titre que l’Algérie et les Algériens sont nos frères.

Trop c’est trop !

Au-delà de la gaffe diplomatique qui porte atteinte à nos intérêts et à notre fraternité avec le Maroc, ce qui s’est passé est complètement déplacé. Kaïs Saïed veut tout liquider aussi bien les acquis de la Tunisie moderne que les tendances lourdes de notre politique étrangère. C’est un liquidateur qui est en train de tout détruire.

Non, Kaïs Saïed, la Tunisie ne vous appartient pas et vous n’avez pas le droit d’en faire ce que vous avez envie de faire.

Juriste.  

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