Les partisans Kaïs Saïed se sont donné rendez-vous, aujourd’hui, à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, pour manifester leur soutien au projet de nouvelle république porté par le président de la république en exercice. Les opposants ne voient pas d’un bon œil ce qu’ils considèrent comme une démonstration de force dont ils redoutent les suites.
Par Imed Bahri
Officiellement, la manifestation n’a été organisée par aucune partie officielle. Les manifestants sont venus par bus entiers de plusieurs régions du pays pour se rassembler devant le théâtre municipal de Tunis, à l’avenue Habib Bourguiba, à une centaine de mètres du siège du ministère de l’Intérieur.
Au moment où nous mettions en ligne cet article, ils étaient quelques milliers de citoyens portant des banderoles appelant le chef de l’Etat à dissoudre les partis, la justice à juger les responsables de la faillite financière du pays et scandant des slogans hostiles aux opposants au président Saïed et notamment au parti Ennahdha et à son président Rached Ghannouchi, qui ont dirigé le pays, directement ou au sein de coalitions qu’ils conduisaient, depuis 2011.
S’ils ne revendiquent aucune appartenance partisane, les manifestants se présentent comme des partisans du mouvement du 25-Juillet, par allusion à l’annonce des mesures exceptionnelles par le président Saïed, le 25 juillet 2021. Et crient leur hostilité à la corruption politique incarnée, selon eux, par les partis, tous les partis, sans exception.
Aussi ne faut-il pas s’étonner de l’absence des figures politiques parmi les manifestants, qui, à l’instar de leur champion du jour, ne voient pas l’utilité des corps intermédiaires, ne reconnaissent pas leur rôle et appellent à la mise en place d’une démocratie directe, conformément au slogan de campagne du président Saïed «Echaab yourid» (littéralement: le peuple veut).
Les opposants voient dans les manifestations d’aujourd’hui une démonstration de force voulue par le président de la république, organisée par ce qu’ils appellent ses «tansiqiat» (coordinations de partisans disséminées aux quatre coins du pays) et facilitées par le ministère de l’Intérieur. Ils qualifient le président de «putschiste», avertissent contre sa dérive autoritaire et redoutent les suites de cette démonstration de force.
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